Je connais le travail de Mathilde Lemiesle via son compte Instagram « Mes presques riens » qui compte aujourd’hui plus de 18 000 abonnés, et quand j’ai appris qu’elle allait poursuivre son travail via une bande dessinée, j’ai su que je voudrais l’avoir et la lire. Merci beaucoup à Mathilde et aux éditions Lapin de m’avoir proposé et envoyé cet ouvrage, en librairie depuis le 24 septembre.
Résumé …
Mathilde a vécu quatre fausses couches. À la douleur de la première s’est ajouté une deuxième, puis une troisième… Un bouleversement de longue durée qui l’a naturellement poussé à faire de cette expérience personnelle un combat universel : Pourquoi la fausse couche est-elle camouflée quand on sait qu’elle touche 1 femme sur 4? Pourquoi la parole des femmes est-elle tue sur ce traumatisme ? Comment le monde médical accompagne-t-il les femmes sur ce sujet ? Partant de son histoire pour ensuite faire un état des lieux historique, géographique et sociologique de la fausse couche, l’autrice interroge et propose des solutions pour changer cette omerta qui persiste sur le corps des femmes.
Mon avis …
Avec cette bande dessinée autobiographique, Mathilde Lemiesle nous raconte son histoire. Celle d’une femme, d’un couple, qui lors de son parcours vers la maternité a découvert la réalité des fausses couches. Une réalité souvent cachée, taboue, tue, alors qu’elle touche 1 grossesse sur 4 selon les statistiques officielles. Dans ce parcours très difficile et douloureux, elle a utilisé ses crayons et sa plume pour raconter son histoire, ses émotions, même les plus honteuses, son parcours médical et la force de son couple qui a dû s’aimer plus fort que jamais pour surmonter ces épreuves auxquelles aucun être humain n’est jamais préparé.
Mathilde a vécu 4 fausses couches avant de réussir à avoir sa fille. On appelle cela les « fausses couches à répétition », quand plusieurs grossesses arrêtées s’enchainent. La plupart du temps, aucune explication n’est trouvée et la femme doit vivre ces douleurs dans le silence, car les 3 premiers mois ne sont signalés ni à la Sécurité Sociale ni bien souvent à l’entourage, dans l’attente de l’échographie du 1er trimestre. Dans cette solitude immense et dans cette souffrance tant physique que psychologique, il faut trouver la force en soi de continuer à avancer, en se protégeant des autres, en s’écoutant, en s’isolant si l’on en ressent le besoin, et en mettant les mots sur ses émotions, même s’ils sont durs, honteux et violents.
Cette bande dessinée est tout d’abord très instructive puisque Mathilde détaille les étapes vécues par une femme qui attend un enfant, que ce soit avant la fécondation ou pendant les premiers jours et semaines de grossesse. Alors qu’elle arrive dans l’univers de la maternité avec beaucoup d’enthousiasme et de naïveté, elle va rapidement comprendre que c’est en réalité plus complexe et sombre que ce qu’elle imaginait. Elle y décrit les examens médicaux, et l’arrêt de ses grossesses, qui sont majoritairement silencieuses, sans signe permettant de percevoir que tout est terminé.
Elle raconte ensuite les réponses médicales qui sont apportées pour que l’embryon puisse être « évacué », et la violence des mots utilisés. Parce que cela est si fréquent, et bien souvent considéré comme « normal » et « bon signe » par les professionnels de santé, les femmes font face à un manque d’accompagnement notamment psychologique qui est terrible. S’en suivent alors des périodes de profond mal-être, d’isolement, de rage, de colère, de honte et de jalousie qu’il faut apprendre à accepter, à deux.
Les réseaux sociaux sont faits du pire et du meilleur, mais je crois que le compte de Mathilde est d’utilité publique. Je crois qu’il permet à de nombreuses femmes d’être comprises, entendues, et de se sentir moins seules. Chacune reste seule avec ses souffrances, parce que comment répondre honnêtement à un « ça va? » dans la rue ou par l’entourage, alors que tout se brise en soi ? C’est une merveilleuse chose que son travail soit enfin publié en bande dessinée.
J’espère qu’il sera lu par tous, pour que chacun puisse comprendre ce qu’est vraiment une fausse couche, sache aussi comment accompagner les femmes de son entourage qui en traversent (car il y en a tellement !), et pour que ces couples qui vivent des grossesses arrêtées se sentent enfin compris, entendus et sachent que ce qu’ils vivent et ressentent est parfaitement normal. Mathilde Lemiesle contribue, à sa manière, à libérer la parole sur le sujet de la maternité et du deuil périnatal, et je crois profondément que ses mots et ses dessins peuvent sauver la vie et permettre à de nombreuses femmes de trouver un peu d’apaisement et de vivre leur deuil de la manière la plus douce possible.
Pour résumer …
Avec cette BD autobiographique, Mathilde Lemiesle nous raconte ses « presques riens », ses 4 fausses couches répétées et libère la parole sur ce tabou qui touche pourtant 1 grossesse sur 4. Cet ouvrage est d’utilité publique et pourra sans aucun doute être une aide très précieuse pour les couples qui traversent le deuil périnatal ainsi que pour l’entourage.
Ma note : ★★★★★★
(20/20)
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