Pour la deuxième année consécutive, j’ai eu le grand plaisir de collaborer avec la Ville de Limoges autour de son Prix Littéraire Régine Deforges et de son Salon Littéraire Lire à Limoges.
Le Prix Régine Deforges 2021
Pour cette 6ème édition du Prix Régine Deforges, la sélection était une nouvelle fois très belle. C’est le comité de lecture, organisé par la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges, qui a déterminé la sélection de 8 titres après avoir lu une soixantaine de premiers romans. L’investissement de ces lecteurs tout au long de l’année leur permet de chercher le roman qui correspond le mieux à l’esprit du prix littéraire, à savoir l’audace et la plume particulière, afin de couronner un lauréat. Comme chaque année, les débats ont été animés, et c’est finalement « Louis veut partir » de David Fortems, aux éditions Robert Laffont, qui a été choisi.
« Louis veut partir » est un premier roman qui m’a énormément plu. Vous pouvez retrouver mon avis complet en lisant ma chronique. En voici le résumé :
« Pascal, ouvrier dans une petite ville des Ardennes françaises, a toujours été fier de son fils Louis, un garçon calme et bon élève qui passe son temps dans les livres. Une passion presque obsessionnelle pour la littérature qui surprend dans leur entourage modeste. Tous deux mènent une vie tranquille, faite de silences complices. C’est du moins ce que pense Pascal jusqu’à ce que Louis soit retrouvé mort à la confluence de la Meuse et de la Semoy, où il a décidé de mettre fin à ses jours. Pourquoi un tel geste ? Que s’est-il passé ? Abasourdi et accablé, Pascal va peu à peu découvrir la vérité. Et bientôt, une évidence : son fils était pour lui un parfait inconnu. Premier roman incisif et sensible, Louis veut partir dissèque une relation manquée entre un père et son fils. Il fait saillir l’absence tragique de communication au sein d’une famille et le caractère implacable du déterminisme social. »
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La remise du Prix Régine Deforges
Le Prix Régine Deforges a été remis à David Fortems le 06 mai à l’Hôtel de Ville de Limoges. Ce fut l’occasion de célébrer ce titre et son auteur et de rappeler ses nombreuses qualités. A seulement 24 ans, il est rare de lire un texte aussi fort et puissant. L’auteur a ainsi pu rencontrer les élus de la Ville ainsi que quelques membres du Comité de Lecture venus pour l’occasion.
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Le Salon Lire à Limoges 2021
Le Salon Lire à Limoges a pu avoir lieu cette année, dans une formule un peu différente afin de s’adapter aux contraintes sanitaires. Les auteurs ont donc pu être interviewés en vidéo lors de captations réalisées dans l’incroyable Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges. J’ai ainsi pu assister à certains interviews et écouter David Fortems, puis Agnès Martin-Lugand, la Présidente du Salon, parler de leurs livres.
J’ai énormément aimé ces moments qui étaient à la fois intimistes et passionnants. Les interviews étaient menés par différentes personnes, et ils permettaient aux auteurs de raconter leurs habitudes d’écriture, leur actualité littéraire ainsi que les sujets qui les inspirent.
Voici la vidéo complète de l’interview de David Fortems, lauréat de cette édition du Prix Régine Deforges :
Les autres interviews des auteurs invités cette année sont à retrouver sur le site de Lire à Limoges.
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Mon interview de David Fortems
J’ai eu le plaisir de pouvoir interviewer David Fortems sur son roman « Louis veut partir ».
D’où vient ce roman ? « Ce sont d’abord des thématiques et notamment le déterminisme social et les Ardennes. J’avais envie de faire rencontrer ces deux univers et thématiques. L’idée m’est venue à mon retour d’Erasmus à Madrid. C’est l’histoire d’un père qui cherche son fils, et c’est un voyage touchant. Pascal est d’une génération des plus de 50 ans et va arriver chez les jeunes en ne comprenant pas tout ce qu’il va découvrir. »
Comment se mettre dans la peau d’un homme de 50 ans ? « C’est avant tout un travail d’imagination. Je suis assez proche de mon père. Je sais comment il pense, quels sont ses idéaux. J’ai donné à Pascal plein de caractéristiques de mon père, qui était syndicaliste très longtemps, très engagé de gauche. Je discute beaucoup avec mon père, il m’a transmis l’amour de la nature, de la contemplation. Je l’ai vu réagir dans des situations difficiles, je connais la tolérance dont il est capable. J’ai imité la réalité, en prenant des caractéristiques de mon père et en les modifiant, les amplifiant. »
Le père est très touchant car, sous sa carapace, on voit beaucoup de sensibilité. Il va dans sa quête de son fils même si cela signifie que le fils qu’il connaît va disparaitre pour laisser le vrai Louis apparaître. « C’est exactement ce que j’ai voulu raconter et ce que la dernière scène raconte. Pascal a le courage de faire ce trajet, d’aller chercher, fouiller, rencontrer des gens qu’il ne connait pas, de son âge ou non, riches ou pauvres. Il rame pendant 5 jours, et il rame parce qu’il vaut mieux que Louis parte sans qu’il soit tronqué. Cette histoire est celle d’un fils qui a vécu tronqué pour son père, et ce qui est bouleversant, c’est que Pascal refuse catégoriquement de laisser son fils partir sans en avoir toutes les facettes. »
C’est surprenant qu’il ne renonce pas, alors qu’il l’aurait pu car c’est perturbant et dérangeant de faire ce trajet. « Il y a aussi parfois la volonté d’aller jusqu’au bout, même si cela fait mal d’attendre. Pascal est allé jusque là, alors autant aller au bout car Louis ne sera plus pareil de toute façon. »
Comment s’expliquent ces deux facettes de Louis que son père n’a pas perçues ? « Louis ment très bien et Pascal ne veut pas voir, car il est trop fatigué, il travaille et rentre tard, il élève son fils tout seul, et il arrive à faire tenir le toit au dessus de la tête, et à nourrir son fils. Il a des lacunes partout mais c’est normal pour un parent seul. Cela me tenait à cœur de raconter l’histoire d’un père célibataire car cela existe aussi, même s’il y a beaucoup plus de mères célibataires. Son père n’abandonne pas, se résigne sur beaucoup de choses mais pas sur son fils. Pascal lui-même a vécu son adolescence brimé par ses parents et s’en rappelle comme une volonté de liberté totale, et Louis ayant des bonnes notes, Pascal lui donne la possibilité de vivre son adolescence complètement. Or, Louis n’a plus de cadre et se perd et n’ose pas demander de l’aide. »
Etait-ce une volonté de raconter l’adolescence ? « Bien sûr, car l’adolescence est un moment de grands changements, sans que l’on s’en rende compte, que ce soit à différents niveaux : sexualité, désir, transformation du corps, hormones, troubles alimentaires, problèmes à la maison, racisme, grossophobie, etc. Toutes ces choses étaient là et bouillonnaient, et on les pensait être normales. Quand on grandit, on voit les choses différemment. Je développe d’ailleurs un projet de série ados fantastique. »
L’écriture du roman est sans filtre, crue. Vous êtes-vous censuré à un moment ? « Non, jamais. J’avais la volonté d’un roman court, car c’est plus facile de publier un premier roman. Et surtout, je voulais un livre poignant, qui marque les esprits. Je souhaitais malmener mon personnage, lui faire passer 5 jours avec un sommeil blanc, sans rêve. Chaque jour, un nouvel objectif, où on apprend de nouvelles choses. J’avais cette volonté que le lecteur vive dans une course hors d’haleine, essoufflé. J’ai beaucoup retravaillé cela avec mon éditrice. »
Les personnages secondaires sont tous marquants alors que le roman est court. Quelle a été votre inspiration ? « Ce sont beaucoup de personnes dans la vraie vie, que j’ai rencontrées, certains de mes amis, de ma famille. J’ai également mis beaucoup de moi dans tous les personnages. J’écris un peu partout, tous les jours et n’importe où quand je suis en période d’écriture : dans le train, à l’arrêt de bus, dans les cafés, dans l’avion.. Ce roman a été écrit dans 50 endroits différents. Beaucoup de choses se passent pendant l’écriture, en observant les personnes autour de soi. J’ai fait le pari de ne pas aller dans les Ardennes pour écrire ce livre, en essayant de ne pas décrire ce que j’avais sous mes yeux. C’était un challenge personnel de raconter les Ardennes juste avec mes souvenirs. »
Quelques vidéos exclusives de cet entretien sont à retrouver sur mon compte instagram dans les stories à la une « Prix Littéraire »
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Des auteurs en dédicace
Pour cette formule 2021, le salon Lire à Limoges a proposé des dédicaces dans différents lieux de la ville afin que les auteurs puissent retrouver leurs lecteurs. Que ce soit dans le Hall de la Bibliothèque Francophone Multimédia ou dans les librairies de Limoges, les auteurs ont donc pu s’installer et les lecteurs ont pu venir à leur rencontre après s’être préalablement inscrits aux séances de dédicaces.
J’ai ainsi pu visiter plusieurs librairies magnifiques (Page & Plume et Rêv’en pages) que j’ai absolument adorées ! J’ai également assisté à la dédicace de David Fortems et en ai profité pour lui faire signer mon exemplaire de son roman.
Ce fut un magnifique séjour au sein de la Ville de Limoges à l’occasion de cet évènement littéraire, et je suis très heureuse d’avoir pu y participer. Le Prix Régine Deforges est vraiment un prix littéraire qui ne cesse de me surprendre, en mettant en lumière de nouveaux auteurs très prometteurs et c’est un réel plaisir de pouvoir collaborer avec la Ville de Limoges autour de ce prix chaque année.
Un très grand merci à la Ville de Limoges et à l’équipe de la Bibliothèque Francophone Multimédia pour leur accueil, ainsi qu’à David Fortems pour le temps qu’il m’a accordé.
Cet article est sponsorisé.
C’est chance ! 🙂 ton article est très intéressant. Je me note le nom du livre.
Article très intéressant, c’est une chouette expérience, je ne connais pas David Fortems !
Je te recommande vraiment son roman 🙂 Merci beaucoup pour ton commentaire !