Depuis deux ans maintenant, j’ai le grand plaisir de collaborer avec la Ville de Limoges autour du Prix littéraire Régine Deforges. J’ai donc pu lire le roman lauréat cette année, et il s’agit d’un premier roman sorti en août 2020. Je suis très heureuse de pouvoir vous en parler aujourd’hui.

Résumé …

Pascal, ouvrier dans une petite ville des Ardennes françaises, a toujours été fier de son fils Louis, un garçon calme et bon élève qui passe son temps dans les livres. Une passion presque obsessionnelle pour la littérature qui surprend dans leur entourage modeste. Tous deux mènent une vie tranquille, faite de silences complices. C’est du moins ce que pense Pascal jusqu’à ce que Louis soit retrouvé mort à la confluence de la Meuse et de la Semoy, où il a décidé de mettre fin à ses jours. Pourquoi un tel geste ? Que s’est-il passé ? Abasourdi et accablé, Pascal va peu à peu découvrir la vérité. Et bientôt, une évidence : son fils était pour lui un parfait inconnu. Premier roman incisif et sensible, Louis veut partir dissèque une relation manquée entre un père et son fils. Il fait saillir l’absence tragique de communication au sein d’une famille et le caractère implacable du déterminisme social.

Mon avis …

Ouvrir un premier roman est toujours une sensation particulière, car on découvre une plume, une vision du monde et une sensibilité. David Fortems a seulement 24 ans, et il nous offre un texte d’une grande puissance que j’ai dévoré d’une traite. C’est l’histoire d’un deuil, celui d’un père dont l’enfant se suicide. Louis était juste majeur et était devenu un adulte, mais ce dernier n’avait absolument rien en commun avec son père. Toujours le nez dans ses livres, loin des préoccupations que son père avait à son âge, Louis est une forme de mystère. Il est dans son monde et semble presque insaisissable. Aussi, quand Pascal apprend qu’il s’est donné la mort, son monde s’effondre.

Comment un garçon comme Louis, qui semblait avoir une adolescence tranquille, qui vivait dans sa bulle, peut-il avoir souhaité en finir avec la vie ? Quand il perd son fils, Pascal va découvrir qu’il ne savait en réalité rien de l’homme que son enfant était devenu. A travers les voix de ses amis, des personnes qui l’ont côtoyé, il va reprendre vie, et va se dessiner l’image d’un garçon secret.

« Comment survivre à la mort d’un enfant qui a choisi de perdre sa propre vie ? »

Ce roman fut une très belle surprise. L’écriture de l’auteur est très particulière, presque sans respiration, et le rythme qu’elle donne au roman le rend encore plus fort. J’ai été tenue en haleine, accompagnant ce père à la découverte de son fils, par le biais des rencontres. J’ai été émue par la force avec laquelle il tient à découvrir la vie de son fils, quitte à se confronter à ce qu’il ne comprend pas. Quitte à faire disparaitre Louis tel qu’il le connaissait. Quitte à réaliser ses propre erreurs et tout ce qu’il n’avait pas su voir. On assiste avant tout à un père qui désire se rapprocher de son enfant, même s’il est trop tard pour cela. La fin est complètement inattendue et la construction du roman est très intéressante, nous faisant découvrir, à travers lui, une palette de personnages complexes. Il m’a manqué un peu d’émotions pour que ce roman soit encore plus marquant pour moi, mais je ne peux que vous recommander cette lecture qui laisse assurément des traces en nous.

Pour résumer …

Le chemin de deuil d’un père qui part sur les traces de son fils qui a choisi de quitter la vie. Un premier roman très fort, qui nous fait réaliser que les apparences cachent souvent bien des choses, et qui nous surprend jusqu’à la dernière page.

Ma note : ★★★★★☆
(16/20)

Davis Fortems sera en dédicace au salon Lire à Limoges vendredi 07 mai au matin.
Plus d’informations et inscriptions sur le site de Lire à Limoges.

Cette chronique est sponsorisée.