Quand Bénédicte m’a proposé de recevoir son roman, j’ai tout de suite accepté. C’est une blogueuse littéraire que je suis depuis longtemps, et son texte semblait fort et percutant. Merci à elle et à Calmann-Lévy de me l’avoir envoyé. Il est en librairie depuis le 06 janvier.
Résumé …
Paul est amer. Son travail est ennuyeux, il vit seul et envie la beauté des autres. Nourrie de ses blessures, sa rancune gonfle, se mue en rage. Contre le sort, contre l’amour, contre les femmes. Par dépit, il jette son dévolu sur l’une de ses collègues. Angélique est vulnérable. Elle élève seule son petit garçon, tire le diable par la queue et traîne le souvenir d’une adolescence douloureuse. Paul s’engouffre bientôt dans ses failles. Jusqu’au jour où tout bascule. Il explose. Une radiographie percutante de la violence, à travers l’histoire d’un homme pris dans sa spirale et d’une femme qui tente d’y échapper.
Mon avis …
Ouvrir un premier roman a toujours une saveur particulière. On y découvre une plume, l’identité d’un auteur ou d’une autrice, et aussi son angle d’approche d’un sujet. Le Mal-épris traite de celui des violences faites aux femmes et cela suffisait à susciter mon intérêt. Dès les premières lignes, j’ai senti l’écriture de l’autrice tranchante, vive, avec des phrases qui vont droit au but. A l’image de l’esprit même de la littérature française, ce roman se positionne au plus près du réel, sans artifice, pour nous décrire un homme. Cet homme, c’est Paul.
Il nous est présenté comme un être assez dur, voire instable, car souvent pris d’obsessions soudaines et violentes. Il vit seul, peine à trouver de l’animation dans son quotidien, et quand sa nouvelle voisine va emménager, elle va devenir sa proie. Il n’a plus qu’une idée en tête : l’approcher, la voir, la toucher, entrer dans sa vie et ne plus en sortir. Au départ, ce que l’on pense être une frénésie amoureuse se révèle pourtant être particulièrement malsaine. Paul ne supporte pas l’indifférence. Il ne veut pas être banal, se refuse d’être rejeté, quitte à se transformer en un monstre violent, méconnaissable de l’image qu’il renvoie aux autres. Quitte à faire porter son obsession sur une nouvelle proie, une nouvelle femme. Il veut être son monde, qu’elle ne voit plus que lui, avoir son mot à dire sur ses tenues, ses fréquentations, ses sourires.
Nous placer dans la peau de Paul était un pari risqué pour l’autrice. On ressent forcément un malaise à la lecture de ses pensées ; c’est une sensation désagréable que de pénétrer dans un esprit dérangé comme le sien, et pourtant à l’image de celui de tant d’hommes. Le sujet des violences faites aux femmes est plus que jamais d’actualité, et ce texte met en lumière ces actes innommables, ces excuses que les hommes se trouvent pour justifier qu’une femme soit utilisée, violentée, jugée, assimilée à un objet, sous prétexte qu’elle portait un vêtement un peu court, qu’elle a jeté un regard un peu ambigu ou que, simplement, l’homme avait des besoins à assouvir. Paul est un homme dérangeant, et nous y faisons face sans détour.
Derrière les violences conjugales et les violences faites aux femmes, il y a des hommes. Paul en est un, parmi tant d’autres. D’extérieur, il est même banal, mais comme beaucoup d’autres, il lutte contre ses démons, ses fêlures. Se pencher sur l’humanité de tous et la rechercher, peu importe leurs actes, voilà qui me fascine avec la littérature. Essayer de comprendre, non pas pour excuser, mais justement pour mieux saisir toutes les nuances de ces comportements toxiques et destructeurs, parfois mêmes mortels. Bénédicte Soymier a écrit un roman plein de justesse sur un sujet encore tellement d’actualité.
Pour résumer …
Raconter de la manière la plus juste et la plus directe la réalité des violences conjugales et des violences faites aux femmes, voilà le pari réussi de Bénédicte Soymier. Un texte dérangeant qui permet de se questionner sur ce sujet terriblement d’actualité.
Ma note : ★★★★★☆
(15/20)
Je n’avais jamais entendu parlé de ce roman. Ca a l’air d’être une lecture forte sur un sujet qu’il est important d’évoquer. Merci de l’avoir chroniqué !
Ce roman me tente bien. Je l’avais déjà repéré dans le catalogue des parutions Calmann Levy. Je trouve le parti pris original…
Je recule toujours un peu l’échéance quand il s’agit de ce genre de sujet car selon nos vies, expériences… J’en lis toutefois de temps à autre selon les périodes et l’état d’esprit du moment… Il fait partie de ceux dont j’ai pris note bien avant sa sortie. Merci pour ta chronique comme toutes, toujours à la sobre et d’une justesse qui fait que je suis une de tes nombreuses & fidèles abonnées… ♥