Quand les éditions Phébus m’ont proposé de découvrir ce titre sorti le 25 août pour la rentrée littéraire, j’ai été très intriguée par son résumé et sa couverture absolument sublime.
Résumé …
Roman fantaisiste aux allures de conte, Chouette utilise la métaphore de l’enfant sauvage, mi-humain, mi-rapace, pour parler de l’arrivée dans un couple d’un enfant différent, neuro-atypique. Comment devient-on mère et, plus largement, comment élèvet- on un enfant « indomptable » dans la société normative qui est la nôtre ? Les parents de la petite Chouette auront deux réactions opposées : alors que Tiny, la mère, encouragera sa fille-oiseau à vivre librement son animalité, le père, lui, poursuivra sa conviction : il faut que Chouette devienne « normale ». Raconté par une mère en quête de liberté, Chouette est un roman sur l’obéissance à la norme et sur la part sauvage en chacun de nous, qui égratigne notre sens des convenances.
Mon avis …
Quand Tiny tombe enceinte, elle sait immédiatement que son enfant n’est pas comme les autres. C’est un « enfant-chouette », par opposition aux « enfants-chiens » normaux, et elle est la seule à s’en rendre compte. Avec cette nouvelle condition de femme enceinte, elle va devoir s’habituer à se sentir habitée, possédée par cet être en elle qui prend toute la place, qui lui parle, qui modifie déjà son existence.
« Les oiseaux me disent que ma vocation, en tant que mère, sera de t’apprendre à être toi-même – et de respecter la vie sauvage en toi, enfant-chouette –. »
A travers ces métaphores curieuses, ce fantastique que l’on peine à comprendre, il y a tous les sacrifices d’une mère pour son enfant. En acceptant de mener à bien sa grossesse, en acceptant d’aimer son enfant coûte que coûte, Tiny met sa vie entre parenthèse, dévouée à cet être qu’elle a créé, porté, et auquel elle a donné la vie. C’est presque un combat : contre elle-même, contre son mari, contre ses proches, pour accepter cet enfant et cette nouvelle vie de mère isolée, seule responsable de cet enfant hors-norme, inadapté. Car très vite, des fissures vont se créer entre Tiny et son entourage, et notamment son mari, qui veut à tout prix guérir son enfant, la réparer, quitte à consulter de nombreux médecins et spécialiste. Tiny, elle, l’accepte comme elle est. C’est aussi un couple qui se brise face à l’enfant qui n’est pas celui qu’ils attendaient.
« Chouette » est ce que l’on pourrait appeler un texte en partie autobiographique pas comme les autres puisqu’il est raconté tel un conte. L’autrice raconte ce qu’elle a vécu, en tant que maman d’une enfant différente. Elle décrit notre société, qui préfère enfermer des enfants parce qu’on ne sait pas comment les accompagner correctement. Parce qu’on ne souhaite pas s’intéresser réellement au handicap et tenter de rendre la société inclusive. Sa fille à elle souffre de dysphasie, et son enfance et sa scolarité ont été difficiles.
Me concernant, j’ai quand même besoin d’un peu de réalisme pour vraiment m’impliquer dans une histoire, et le fantastique ici est poussé si loin qu’il m’a gênée au fil de ma lecture, m’éloignant aussi du propos. La forme a de mon côté été un obstacle pour que le texte me touche profondément, car il a imposé une trop grande distance avec le sujet. La préface de Claire Oshetsky nous permet de rentrer dans son roman en comprenant très bien quelles en sont les sources. Et moi qui ai parfois du mal à adhérer aux romans trop originaux, cela m’a vraiment aidé à percevoir tout l’intérêt qu’il pouvait avoir. Son texte est en réalité profondément engagé et d’une vérité bouleversante.
Pour résumer …
Avoir un enfant différent et se battre pour qu’il soit accepté, heureux et libre, voilà le sujet essentiel de ce roman aux allures de conte fantastique.
Ma note : ★★★★☆☆
(13/20)
Cet article est sponsorisé.
J’ai toujours détesté le mot « normal(e) » car qu’est-ce que la normalité ? A l’instar de beaucoup de personnes, pour avoir souffert de par mon hypersensibilité durant quelques décennies mais pas que… je pense que cet ouvrage peut-être intéressant. Toutefois, je suis comme toi car le fantastique doit être dosé donc je vais y réfléchir mais je prends note… Merci beaucoup pour le partage & agréable dimanche à toi ☼