C’est le jour exact de sa sortie que je me suis offert ce roman en août dernier, déjà encensé par les premiers retours de critiques, libraires et blogueurs et intriguée par son résumé. Depuis, impossible d’être passé à côté de ce roman qui a fait l’unanimité et qui a remporté le Prix Fnac en 2018. Pour ma part, j’ai eu envie de laisser un peu passer le tourbillon médiatique pour me plonger dans cette lecture à tête plus reposée.
Résumé …
C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est un chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent. Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.
Mon avis …
On m’avait prévenue. Cela s’est confirmé. J’ai dévoré ce livre d’une seule traite, en quelques heures lors d’un voyage en train. Il m’a tenue en haleine du début à la fin, m’a clouée sur mon siège, m’a donné mal au ventre et m’a passionnée comme cela est rarement le cas avec une lecture. C’est une sorte d’effet hypnotique, comme si on savait que poser le livre était impossible tant il ressort de cette lecture une souffrance profonde et une nécessité vitale pour cette histoire d’être racontée. On plonge dans ce livre comme en apnée tant ce qu’il nous décrit est glaçant.
Un enfant ne choisit pas le contexte familial dans lequel il grandit. Gilles et sa sœur l’ont bien compris, mais ils doivent pourtant supporter leur père. Celui qui assombrit leurs vies, fait pleurer leur mère, les terrifie par ses changements d’humeur soudains, ses insultes, ses coups qui partent sans prévenir. Même si ce roman est raconté à hauteur d’enfant, il n’en efface pas moins la violence dans laquelle les deux enfants vont grandir. Entourés de ce père violent, passionné de chasse, qui expose ses « trophées » fièrement, et d’une mère transparente, dont la seule occupation est de cuisiner les repas et de ne pas parler trop fort, de peur de subir les violences de son mari, les deux enfants ne peuvent compter que l’un sur l’autre pour trouver un peu d’amour et de tendresse.
Au milieu de tout ce chaos familial, il y a notre héroïne. Une jeune fille forte, intelligente, pleine d’amour pour son petit frère, d’un amour viscéral. Pour lui, elle serait prête à tout, même à effacer les horreurs vécues en inventant une machine à remonter le temps. C’est sûr, il lui faut trouver une solution pour redonner à son petit frère sa « vraie vie », celle dans laquelle il sera heureux, et gardera sa naïveté et son innocence inhérentes à son jeune âge. Celle dans laquelle son regard ne sera plus brouillé par une souffrance perpétuelle, qui a pénétré son cerveau pour ne plus en sortir. J’ai lu ce livre d’une traite, la gorge nouée. Espérant que cette jeune fille réussirait à se sortir de ces ténèbres menaçant de l’avaler.
Certaines scènes sont terribles par leur brutalité et restent très, très longtemps en mémoire. Parce qu’Adeline Dieudonné les décrit telles qu’elles sont, sans jamais essayer de les embellir. Evidemment, si elles nous sont insupportables en tant qu’adulte, on ne peut qu’imaginer le traumatisme qu’elles représentent pour de jeunes enfants qui y assistent, impuissants. Face à cette violence absolue, il y a l’imagination de l’enfance, cette formidable capacité à isoler les souffrances pour garder ce regard nouveau sur la vie. Ce livre est très sombre, et il le reste jusqu’au bout. Et c’est ce qui m’a beaucoup plu. Il est comme une claque qu’on reçoit, à laquelle on ne peut véritablement s’attendre. Car le plus terrible, c’est sans doute que ces personnages doivent exister quelque part, même si on souhaiterait que ce ne soit pas le cas. Car l’espèce humaine possède des faces très sombres, même si on préférerait l’oublier.
Pour résumer …
On ne peut oublier les ténèbres que ce livre raconte, la dureté de ce que vivent ces enfants, mais également leur force, qui éclaire leur chemin dans la nuit. C’est un très beau roman, dur mais nécessaire, pour ne pas oublier que l’âme humaine possède aussi une part très sombre, même si on préférerait l’ignorer.
Ma note : ★★★★★★
(20/20)
Il est dans ma pal également, et tu me donnes envie de le sortir rapidement ! 🙂
C’est un roman qui ne m’attirait pas du tout de prime abord, mais dont j’ai effectivement comme toi entendu de très bons avis, dont celui de Xavier Desmoulins sur son compte instagram. Je l’avais donc ajouté à ma Wishlist mais sans oser l’acheter vraiment. Ta chronique vient de me décider à sauter le pas, le mois prochain se sera fait!
Je n’en ai entendu que du bien !
Bonne semaine !
Coucou,
Il est dans ma wish-list même si je ne sais pas trop comment je vais ressortir de cette lecture ! Il semble beau mais tellement dur !
J’ai très envie de le lire mais en même temps il me fait peur… J’ai peur de ne pas être assez « résistante » pour cette lecture
Je n’avais lu aucune chronique jusque là parce que ce livre ne me disait rien. Mais là, wow ! Tu donnes vraiment très envie de le lire !
J’ai adoré aussi, pourtant j’avais de grandes espérances concernant ce roman et il est facile d’être déçu dans ces cas-là. Mais j’ai dévoré ce livre en une journée. Impossible de le lâcher !
Un roman très dur qui m’a chamboulé !
Offert pour mon anniversaire ! Je vais m’atteler à sa lecture très rapidement ! 😉
J’en avais vaguement entendu parler, mais cette chronique me donne vraiment envie de s’y intéresser ! Encore un livre à ajouter à ma pal ! 🙂