J’ai déjà lu 6 romans de Delphine de Vigan au fil des années, et c’est une autrice que j’aime beaucoup et que je suis donc assez attentivement. La thématique de celui-ci m’intéressait tout particulièrement.

Résumé …

« La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s’étonna de l’autorité qui émanait d’une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l’obscurité.  » On dirait une enfant « , pensa la première, « elle ressemble à une poupée », songea la seconde. Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire ». A travers l’histoire de deux femmes aux destins contraires, Les enfants sont rois explore les dérives d’une époque où l’on ne vit que pour être vu. Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan offre une plongée glaçante dans un monde où tout s’expose et se vend, jusqu’au bonheur familial.

Mon avis …

A la frontière entre le roman contemporain, le roman policier, le thriller et l’anticipation, ce roman est un sacré chamboulement pour son lecteur ! J’ai été très étonnée de voir Delphine de Vigan s’emparer du sujet de l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux par leurs parents influenceurs, d’abord persuadée que c’était loin d’être son sujet. Et puis, forcément, je n’ai pu que constater la pertinence de son regard sur le phénomène, et le décryptage précis et d’une intelligence folle qu’elle en fait.

Des comptes d’influenceurs qui partagent leurs enfants sur les réseaux sociaux, nous en connaissons des milliers. Des personnes de notre entourage qui publient leur photo d’échographie de grossesse ou les visages de leurs bébés, on en a tous autour de nous également. Cela peut sembler banal, indiscutablement de notre époque, et pourtant .. A travers cette terrible histoire de disparition d’enfant, Delphine de Vigan nous pousse à nous interroger. Est-ce vraiment la place d’un enfant que d’être affiché sur internet ? Cette identité numérique qu’on lui impose souvent dès sa naissance, et qu’il ne pourra jamais plus effacer, est un véritable fléau que l’on prend bien trop souvent pour acquis.

Ce roman était vraiment passionnant, mais aussi bien rythmé par une intrigue qui nous tient forcément en haleine. J’ai beaucoup aimé l’analyse de l’autrice sur cette thématique qui résonne énormément avec les pratiques actuelles des réseaux. Ce qui m’a manqué, c’est peut-être un peu d’émotion, le texte étant finalement dans l’ensemble assez froid. Mais il est certain que ce roman est vraiment d’utilité publique. Je suis persuadée qu’il pourra faire beaucoup réfléchir de nombreuses personnes à leurs propres pratiques, mais aussi aux comptes qu’ils suivent. Car consommer, c’est aussi soutenir et approuver.

Ma note : ★★★★★☆
(16/20)