L’intérêt de l’enfant • Ian McEwan

J’ai souvent entendu parler d’Ian McEwan, auteur anglais reconnu, sans pour autant l’avoir jamais lu. Lors de sa sortie en 2015, ce roman m’a beaucoup été conseillé par des collègues, et il a depuis fait l’objet d’une adaptation cinématographique sous le titre « My Lady ». Je me le suis offert en poche il y a quelques mois et j’ai enfin pris le temps de le lire.

Résumé …

A l’âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver. Avant de rendre son jugement, Fiona décide soudainement de se rendre à l’hôpital pour rencontrer Adam. Mais cette entrevue, au cours de laquelle elle découvre un jeune homme romantique, poète et musicien, la trouble. Désormais impliquée personnellement, la magistrate décide de tout faire pour sauver Adam. Seulement sa décision n’est pas sans conséquences et elle se retrouve unie au garçon par un lien étrange qui pourrait bien causer leur perte.

Mon avis …

Juge aux affaires familiales, Fiona est passionnée par son métier. Elle s’y implique corps et âme, quitte à y consacrer toute son énergie et à mettre en péril son couple. Mais les affaires auxquelles elle est confrontée tout au long de sa carrière laissent des traces profondes. Elles impliquent la vie d’enfants, questionnent l’intégrité et la morale. Son rôle est clair : défendre l’intérêt de l’enfant, mais rien n’est jamais simple. Noir ou blanc. Fiona est une femme brisée par son travail, par sa conscience professionnelle et morale aigües. Les questionnements qu’elle traverse et la complexité des cas qu’elle doit traiter et juger nous permettent de percevoir les réalités de cette profession qui a un réel impact sur la vie d’autres êtres humains.

Quand son couple vacille, c’est une réflexion complète et une introspection qui va débuter, dans laquelle Fiona va tenter de comprendre comment sa vie a pu être impactée de la sorte. En parallèle, il y a ces jugements qui la marquent encore, qu’elle redécrypte. Et cette force qu’elle porte en elle, résultat d’années en Cour d’Assises à devoir montrer l’assurance de celle qui sait, qui argumente, et qui juge. Alors que son couple est en crise, que tout menace de s’effondrer, qu’elle et son mari s’affrontent et remettent en question toute leur vie, c’est une nouvelle fois son travail qui va s’immiscer. L’urgence concerne un garçon de 17 ans, atteint d’un cancer, dont les parents refusent la transfusion pour convictions religieuses.

En se confrontant à Adam, Fiona souhaite déterminer si ce jeune homme, bientôt majeur, est libre de ses propres décisions. Si ce refus de transfusion lui a été imposé ou s’il est issu de son propre libre-arbitre. Ce qui est captivant dans ce roman, c’est la puissance des convictions religieuses qui se confrontent à la science et à la médecine. Ce sont les enjeux de la décision qui entoure le cas d’Adam, qui va mourir si aucune transfusion n’est faite. Ian McEwan prend le temps de donner la parole aux différentes parties et de laisser l’ensemble des points de vue s’exprimer, afin aussi de nous faire prendre conscience de la complexité de la justice à rendre un verdict, quand le droit ne peut jamais répondre à tout. Si j’ai choisi d’ouvrir ce roman, c’est en raison de son aspect judiciaire qui m’intéressait beaucoup et de l’affaire plus précisément citée dans le résumé. Ce qui m’a clairement moins intéressée, c’est le conflit conjugal que vit Fiona et qui donne lieu à de nombreuses introspections et passages plus lents sans dialogues.

Ce roman provoque de nombreuses réflexions très intéressantes sur ce que l’on nous transmet et notre propre identité. Peut-on sauver quelqu’un contre son gré ? Et peut-on imposer un traitement à quelqu’un qui le refuse, même si cela semble contraire à l’éthique médicale ? J’ai trouvé le sujet passionnant mais j’ai trouvé qu’il était traité un peu trop rapidement, et je n’ai pas été embarquée par la plume. Je verrai tout de même avec grand plaisir le film adapté de ce roman et je vous le recommande, rien que pour la thématique qu’on croise assez rarement en littérature.

Pour résumer …

Le sujet m’a beaucoup intéressée parce qu’il interpelle et questionne, mais il est expédié un peu trop rapidement ce qui m’a vraiment frustrée dans ma lecture, même si j’ai été touchée par plusieurs passages. Mon avis est donc mitigé.

Ma note : ★★★☆☆☆
(11/20)

4 réflexions sur “L’intérêt de l’enfant • Ian McEwan

  1. Cette histoire a quelque chose d’intriguant qui donne envie de la découvrir… Merci pour cette nouvelle chronique & agréable dimanche à toi ! 🌞🌸🦋

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.