Je me suis offert cette BD il y a un an et demi, parce que le sujet de l’Iran m’intéresse et qu’elle avait l’air très belle et engagée. C’est clairement une lecture que je conseille à tous et qui me marquera longtemps.

Résumé …

Les jeunes Iraniens rêvent-ils encore d’en finir avec le régime ? Comment se rencontrer dans cette société qui ne le permet jamais ? Comment flirter ? Comment choisir sa femme ou son mari ? Malgré la tradition, malgré le régime. Des journalistes ont interviewé clandestinement de jeunes Iraniens pour donner un éclairage politique et social. Comment échapper à la police pour vivre sa love story ?

Mon avis …

Jane Deuxard est un couple sous pseudonyme qui se rend régulièrement en Iran pour recueillir des témoignages et pour raconter, en Occident, la réalité de ce pays. Love story à l’iranienne est le fruit de ce travail dangereux, clandestin, au cours duquel ils ont rencontré des hommes, femmes ou couples qui ont accepté de leur raconter leur vie et leur vision du régime ainsi que l’impact qu’il a sur leurs libertés. Ces iraniens risquaient beaucoup en acceptant de parler à ce couple, et les auteurs ont d’ailleurs bien souvent rencontré des refus. Pour protéger ces iraniens, ils ont promis de ne plus jamais entrer en contact avec eux par la suite. Une décision difficile quand on a entendu autant d’aspects intimes de leur vie, lorsque ces personnes se sont confiées avec tant de colère, de désespoir. Très clairement, la bande dessinée a ici un rôle particulier, parce qu’elle porte les témoignages de l’ensemble de la jeunesse iranienne. Parce qu’elle dénonce le régime et que pour cela, chacun prenait de nombreux risques.

Le sujet principal de cette bande dessinée est avant tout les relations amoureuses et la vie de couple. Chacun témoigne de la difficulté de rencontrer l’amour, puisqu’il est interdit d’avoir des relations sexuelles en dehors du mariage et que les couples doivent se retrouver en cachette, sachant qu’ils risquent beaucoup. Les jeunes femmes doivent obtenir un certificat de virginité avant leur mariage et les familles décident bien souvent de la personne avec laquelle leur enfant se mariera.

Les auteurs n’ont pas pu réaliser toutes ces recherches sans constater eux-mêmes le contrôle du régime sur les libertés individuelles : les caméras, installées partout. Les dénonciations qui imposent de faire attention à chaque instant, à ne pas sortir sans voile, à ne pas être trop proche de quelqu’un qui ne serait pas son époux ou sa femme. Portrait après portrait, les auteurs racontent et dessinent ce qu’est être jeune en Iran, mais aussi les désillusions des plus anciens, qui ont connu les évolutions politiques, mais qui n’ont pas assisté à un assouplissement de l’oppression, bien au contraire.

« Les jeunes ont la vie rude à Téhéran. Les gens qui le comprennent sont tristes et déprimés. Ceux qui sont heureux sont aveugles. »

J’ai énormément aimé cette bande dessinée que j’ai trouvée très importante car elle donne une voix à tous ces iraniens qui n’ont jamais l’occasion de s’exprimer, de livrer ce qu’ils vivent au quotidien. Je n’ai pas toujours été sensible aux dessins mais c’est avant tout le message que l’ouvrage porte qui me semble précieux et indispensable.

Pour résumer …

Une BD reportage engagée qui dénonce le régime iranien et l’atteinte aux droits et libertés de ce peuple. C’est surtout la vie des jeunes et l’impossibilité de s’aimer librement qui est au coeur de l’ouvrage et les témoignages sont bouleversants et révoltants.

Ma note : ★★★★★★
(19/20)