Vous le savez peut-être, je suis actuellement plongée dans les lectures pour le Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro et j’ai donc eu l’occasion de lire ce roman, sélectionné dans la catégorie des Romans Français. Je ne chronique pas tous les livres que je lis pour le Prix, mais pour celui-ci, il s’avère que j’avais des choses à dire à son sujet, alors voici donc mon avis.
Résumé …
Ça commence comme une nouvelle d’Alice Munro : lors de son déménagement, une romancière est abordée par sa voisine du dessus qui l’a reconnue, et l’invite chez elle pour parler de Charlotte Delbo. Ça continue comme un récit d’Isaac Babel. Car les parents de Jenny, la voisine née en 1925, étaient des Juifs polonais membres du Bund, immigrés en France un an avant sa naissance. Mais c’est un livre de Geneviève Brisac, un « roman vrai » en forme de traversée du siècle : la vie à Paris dans les années 1930, la Révolution trahie à Moscou, l’Occupation – Jenny et son frère livrés à eux-mêmes après la rafle du Vel’ d’Hiv, la déportation des parents, la peur, la faim, les humiliations, et l’histoire d’une merveilleuse amitié. Le roman d’apprentissage d’une jeune institutrice douée d’une indomptable vitalité, que ni les deuils ni les tragédies ne parviendront à affaiblir. Ça se termine à Moscou en 1992, dans la salle du tribunal où Staline fit condamner à mort les chefs de la révolution d’Octobre, par la rencontre improbable mais réelle entre des « zeks » rescapés du Goulag et une délégation de survivants des camps nazis. À l’écoute de Jenny, Geneviève Brisac rend justice aux héros de notre temps, à celles et ceux qui, dans l’ombre, ont su garder vivant le goût de la fraternité et de l’utopie.
Mon avis …
Vie de ma voisine est un roman dont je n’avais pas vraiment entendu parler, qui est sorti en janvier 2017 et que je n’aurai sans doute jamais ouvert s’il ne m’avait pas été proposé dans le cadre de la sélection du Grand Prix de l’Héroïne. C’est pour cela que cette aventure me plait aussi, elle ouvre mes lectures et me permets de faire de belles découvertes. Au regard de son sujet, ce livre avait tout pour me plaire et je ne vais pas vous cacher que j’ai souvent, à sa lecture, retenu mes larmes. Geneviève Brisac y raconte l’histoire de sa voisine, Jenny. C’est un livre qui nous plonge au coeur de la seconde guerre mondiale et de la déportation des juifs.
Jenny va construire sa vie entière autour du départ de ses parents à Auschwitz. Parce qu’elle est née sur le sol français, et qu’elle est donc française, elle fut épargnée, avec son frère. Parce qu’en ces temps particuliers, il est aussi important de se rappeler que ce qu’il s’est produit à cette époque n’est pas, et de très loin, un « détail de l’Histoire ». Elle nous raconte la rafle du Vel’ d’Hiv, l’arrestation de sa famille, le départ de ses parents et les jours d’après, seuls. Comment imaginer grandir sans savoir où sont ses parents, ou même ce qu’ils sont devenus ? C’est deux mots : « Vivez et espérez » m’ont fracassé le coeur en mille morceaux et resteront très longtemps gravés en moi.
« Les livres sont les meilleures armes de la liberté. Et la liberté s’apprend. »
Il me semble primordial que des personnes comme Geneviève Brisac portent à notre connaissance les mots de personnes comme Jenny. Qui ont malheureusement été témoins et victimes d’une période si sombre de l’Histoire et des actes sans nom qui ont été commis. Pour se rappeler que nous sommes humains, et pour surtout ne jamais reproduire les erreurs du passé. C’est pour cela que Jenny a eu besoin de s’investir dans l’apprentissage des enfants, pour s’assurer elle-même de transmettre ce qui leur sera le plus utile. Ce livre est aussi et surtout celui de l’impossible guérison pour les survivants de ce génocide et ceux qui sont restés, dans l’attente perpétuelle du retour de ceux qu’ils ont aimés.
J’ai la sensation de me répéter dès que je chronique ce genre de récits / témoignages de cette période historique. Comme si chacun d’entre eux étaient essentiels. Geneviève Brisac a su écrire ce roman avec pudeur, justesse et respect et il s’agit peut-être d’un récit court mais qui n’en demeure pas moins fort. Il m’a beaucoup rappelé, en cela, Et tu n’es pas revenu. On en tire les mêmes leçons, la même impression d’avoir appris beaucoup et surtout la même rage de lutter contre le totalitarisme et la haine de l’autre.
Pour résumer …
Un roman témoignage de la vie de cette voisine de l’auteur, une femme ayant vécu dans l’ombre de ses parents déportés. Un livre fort, qui nous hante et nous rappelle l’importance de se battre chaque jour plus fort pour que jamais l’horreur ne se reproduise à nouveau.
Ma note : ★★★★★☆
(14/20)
Cette lecture me tente bien 🙂
Ce récit a été un coup de cœur pour moi, c’est un témoignage émouvant, un très beau portrait de femme, et un livre pertinent sur la mémoire et sur la transmission…
Comme toi, je ne pense pas que je me serai intéressée à ce livre sans ton avis. Mais après la lecture de ta chronique, je découvrirai bien ce témoignage.
J’en entends beaucoup de bien depuis sa sortie (et je veux le lire après chaque chronique que je lis à son sujet). Je vais bien finir par craquer !