L’orangeraie • Larry Tremblay

11103977_459524580871234_5397374_n

Ce roman est sorti en 2013 pour la première fois en France mais c’est à l’occasion de sa réédition en février 2015 que je l’ai découvert. Son sujet m’a interpellée immédiatement, puisqu’il traite des attentats suicide et place des enfants au centre du roman. Il n’en a pas fallu davantage pour me donner envie de le lire. J’ai eu la chance de le trouver en occasion il y a quelques jours et je l’ai lu en 2 heures à peine.

Résumé …

«Quand Amed pleure, Aziz pleure aussi. Quand Aziz rit, Amed rit aussi.» Ces frères jumeaux auraient pu vivre paisiblement à l’ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s’empare de leur enfance et sépare leurs destins. Amed, à moins que ce ne soit Aziz, devra consentir au plus grand des sacrifices.

Mon avis …

Ce roman est une claque énorme. Je n’avais jamais lu de roman si fort de toute ma vie. Parce que même s’il s’agit d’un roman, même si aucun nom de pays ne nous est donné par l’auteur, ce roman est tellement inspiré de faits réels qu’il en est douloureux, terrible même. Cette histoire peut être celles de milliers d’enfants, de parents, de peuples en guerre aujourd’hui, hier ou demain. C’est un roman sur cette guerre, cette haine qui déchire les peuples, qui les amène à sacrifier des hommes, voire des enfants, au nom d’un combat, d’un Dieu, d’une croyance.

J’ai vécu ce roman en apnée, sans pouvoir arrêter de le lire tellement il a été un choc. Pendant seulement 170 pages, j’ai eu un noeud à l’estomac, la gorge serrée, les larmes aux yeux. Amed et Aziz, ces deux jumeaux, ces deux enfants plein d’innocence, vont devoir grandir trop vite et vont devoir apprendre ce que signifie la guerre, l’ennemi, le sacrifice, la mort. Ce livre est terrible parce qu’il n’y a rien de pire, selon moi, que de voir des enfants perdre leur innocence, de les voir grandir entourés de bombes, et de les voir accepter de mourir pour une cause est tellement proche de l’horreur que cela en est douloureux.

L’écriture de l’auteur est sublime et il a réussi avec ce livre un véritable chef-d’oeuvre sur un sujet compliqué, avec l’intelligence de ne désigner aucun pays, aucun peuple. Parce que finalement, quelle importance ? La guerre est partout, elle n’a ni frontière ni fin et elle concerne malheureusement tout autant les adultes que les enfants.

« La guerre efface les frontières entre le monde des adultes et celui des enfants. »

L’orangeraie est également une véritable réflexion sur cette façon de transmettre la violence, de transmettre ses croyances et sa haine à ses enfants. Cet idéal qu’un peuple transmet de génération en génération et qui impose de sacrifier ses enfants, comment le comprendre ? Et pourtant, comment le juger lorsque l’on n’a jamais vécu la guerre et l’horreur ? Ce roman nous fait aussi réaliser qu’en fonction du camp dans lequel on se trouve, la guerre n’a souvent qu’une facette, qu’une vérité, et que pourtant, elle est toujours plus complexe. C’est cette transmission de la haine qui est toujours orientée, qui est toujours faussée aussi, que décrit l’auteur. C’est un roman sur ces enfants qui deviennent acteurs d’une guerre qu’ils ne sont ni en mesure de comprendre ni de décider par eux-même d’en devenir les participants.

« Il se posait lui-même la question du mal. Il était trop facile d’accuser ceux qui commettaient des crimes de guerre d’être des assassins ou des bêtes féroces. Surtout quand celui qui les jugeait vivait loin des circonstances ayant provoqué ces conflits dont l’origine se perdait dans le tourbillon de l’histoire. Qu’aurait-il fait, lui, dans de pareilles situations ? Aurait-il été, comme des millions d’autres hommes, capable de tuer pour défendre une idée, un bout de terre, une frontière, du pétrole ? Aurait-il été lui aussi conditionné à tuer des innocents, femmes et enfants ? Ou aurait-il eu le courage, au risque de sa vie, de refuser l’ordre qu’on lui donnait d’abattre d’une rafale de mitraillette des gens sans défense ? »

Pour résumer …

Magnifique roman à la fois terrible, douloureux et d’une intelligence rare, L’orangeraie est un livre qui hante même une fois refermé. Il contient tellement de messages, de réflexions, d’horreur et de vérité qu’il est indispensable de le lire. Une claque comme je n’en avais jamais eu auparavant avec un livre.

Ma note : ★★★★★★
(20/20)

14 réflexions sur “L’orangeraie • Larry Tremblay

  1. Bon bah voilà… à cause de toi je l’ai acheté, mon porte-monnaie ne te remercie pas ^^ Mais en tant que fan de Yasmina Khadra et Khaled Hosseini, je crois que je ne pouvais pas passer à côté….
    Bisous

  2. Et bien dis donc, ça n’a pas l’air très gai… Ce que tu en dis m’a fait penser aux romans de Khaled Hosseini! Je me le note en me disant que ce n’est pas un livre à lire en période de déprime! Merci pour la découverte!

  3. Ah, je suis si contente que tu l’aies aimé. Un livre bouleversant et si nécessaire. Un coup de coeur absolu pour moi aussi. Ici, au Québec, l’histoire est actuellement montée au théâtre. Je serais très curieuse d’y assister…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.