J’ai déjà lu Lou Lubie avec « La fille dans l’écran » , et sa dernière publication m’intéressait particulièrement.
Résumé …
On n’est jamais content de ses cheveux : Rose, qui a les cheveux crépus, rêve de les avoir lisses. Pour se conformer aux normes sociales, elle sera prête à tout, quitte à gommer son identité métissée. Entre enquête de société et récit de vie, une BD riche et touchante qui parle de sexisme, de racisme, d’héritage et d’acceptation de soi.
Mon avis …
A chaque fois que je lis un ouvrage sur la thématique des cheveux (comme le texte de Sophie Fontanel), cela me fait réaliser un peu plus encore combien ils comptent dans la société et dans l’image de soi. L’histoire de Rose est très intéressante, car cette jeune femme de La Réunion a cherché toute sa vie à se construire, en n’étant ni blanche ni noire. En grandissant, elle va observer sa mère et les femmes autour d’elle tenter de modifier leurs cheveux, et c’est évidemment sur ce modèle qu’elle va devenir une femme adulte.

En tant que femme blanche aux cheveux lisses, je n’ai bien entendu jamais eu à vivre tout ce que les femmes aux cheveux crépus doivent expérimenter, mais j’ai vécu cette BD comme un véritable éclairage. Car, quelque part, c’est tout un monde un peu secret que l’on ne peut connaître que si l’on est soi-même concerné. Et c’est tout simplement effarant. Comme beaucoup d’autres choses liées au corps des femmes, la société a réussi à nous faire croire que l’on devait dépenser beaucoup d’argent et de temps pour modifier notre apparence. Quitte à ne plus se voir comme on l’est vraiment, au naturel. Quitte à renier sa personnalité, ses origines, ses racines. Sa beauté, finalement. Et cela m’attriste terriblement.

Cette BD est très riche, nous apportant au-delà de l’histoire de Rose beaucoup d’informations et de statistiques sur les comportements capillaires des femmes selon leur origine et leur caractéristiques de cheveux. C’est une lecture qui change forcément notre regard, et qui nous fait également comprendre combien nos opinions sont biaisées par ce que la société veut nous faire croire de ce à quoi doit ressembler une femme. Je vous conseille absolument cette lecture car nous sommes tous et toutes concernés par cette thématique qui cache une grande complexité derrière son apparente insignifiance.
Ma note : ★★★★★☆
(16/20)
