Quand je vois une BD de Carole Maurel, c’est pour moi une valeur sure. Après « En attendant Bojangles« , « Collaboration horizontale« , et « Écumes » , j’ai eu envie de découvrir « Luisa ici et là » en l’empruntant à la médiathèque.
Résumé …
D’un côté, il y a Luisa, 33 ans, photographe culinaire célibataire et incapable de vivre plus de quelques semaines avec un homme. De l’autre, Luisa, 15 ans, des rêves plein son sac à dos, une folle envie de trouver l’amour et de vivre de la photographie… Mais aussi des sentiments inassumés pour Lucie, sa copine homosexuelle. Un jour, aussi invraisemblable que cela puisse lui paraître, la Luisa adulte voit débarquer sur le pas de sa porte l’ado qu’elle était ! Cette rencontre sera décisive pour la jeune femme car elle fera remonter à la surface des frustrations trop longtemps enfouies.
Mon avis …
Cette histoire est assez originale puisque l’héroïne, une trentenaire célibataire, voit débarquer dans sa vie une jeune fille qui lui ressemble énormément, qui porte le même prénom qu’elle et qui semble tout simplement être elle, quinze ans plus tôt. Alors qu’elle est à un moment de sa vie où elle se pose beaucoup de questions, où elle ne semble pas rentrer dans la norme attendue par la société et où elle réalise qu’elle n’a pas eu la vie dont elle rêvait quand elle était plus jeune, cela va être un choc de se revoir adolescente. Pour les deux jeunes femmes, il faut apprendre à se découvrir. Difficile de réaliser qu’on ne grandit pas toujours de la manière dont on l’aurait souhaité.
Il faut accepter le côté un peu surnaturel de l’histoire afin de rentrer dans l’histoire qui peut être déroutante pour les personnes qui seraient très rationnelles. Passé ce détail, j’ai pour ma part beaucoup aimé cette lecture qui provoque plein de réflexions sur notre destin, nos choix de vie, et l’acceptation de soi. C’est aussi le charme de l’existence que cette BD raconte, celui de ne jamais savoir de quoi demain sera fait, d’évoluer soi-même dans ses désirs, dans ses ambitions et dans ses besoins. Parce que la vie n’est pas une ligne toute droite, elle est faite de milliers de petites vagues, de rencontres, de drames, de changements, qui nous font prendre des directions insoupçonnées.
Et puis, au coeur de cette histoire, il y a aussi le fait que de nombreuses personnes passent leur vie à se mentir, à ne pas apprendre à accepter ce qu’ils sont, à le renier et à renoncer au bonheur pour se conformer à ce que la société attend. J’ai beaucoup aimé tous ces messages ainsi que la douceur avec laquelle ce sujet a été traité par Carole Maurel. Parfois, il faut se confronter à soi même, se souvenir de nos rêves d’enfant et de celui que nous sommes, tout au fond de nous. C’est, je crois, le secret du bonheur. Tout le monde pourra tirer des enseignements de cette BD car c’est aussi l’entourage qui a un rôle dans l’acceptation de soi. Aimer quelqu’un, c’est l’aider à s’accepter, à être qui il est. C’est l’encourager à se trouver, même si cela veut dire que ses choix de vie seront différents des notres.
Pour résumer …
L’histoire est presque surnaturelle, ce qui peut perturber, mais une fois ce côté-là admis, on se concentre sur le coeur même de la BD, à savoir les rêves d’enfants que l’on oublie en grandissant, et l’acceptation de soi, si difficile, quel que soit son âge. C’était une très belle lecture, comme toujours avec Carole Maurel.
Ma note : ★★★★★☆
(16/20)
J’ai beaucoup aimé cet album, et oui, il faut d’abord accepter le côté fantastique, mais au final, je ne regrette pas d’avoir tenté cette lecture !