C’est une de mes collègues qui m’a fait découvrir ce roman jeunesse à côté duquel j’étais complètement passée en octobre dernier. Le sujet m’intéressait complètement mais j’étais un peu réticente car j’avais eu une expérience mitigée avec un précédent roman de l’auteur : La décision. Celui-ci est à mes yeux incontestablement meilleur et j’ai pris énormément de plaisir à le lire lors de mes vacances à la montagne.
Résumé …
1966, un vent de révolte commence à souffler sur le monde. À Paris, Suzanne l’insoumise étouffe dans une famille bourgeoise qui n’attend que de la voir bien mariée. À Berlin-Ouest, la timide Magda espère éperdument retrouver sa famille qui vit de l’autre côté du mur, à l’Est. Au même moment, dans une Grèce écrasée par la dictature, la farouche Cléomèna tente de gagner sa vie en faisant la servante alors qu’elle rêve d’université et de lecture sans fin. Dans cette Europe meurtrie, elles ont un rêve commun : tracer leur chemin, découvrir l’amour et devenir des femmes libres.
Mon avis …
Paris. Berlin-Ouest. Athènes. En mai 66, ce sont les correspondances par lettre que nous suivons, celles de trois jeunes filles vivant chacune son adolescence dans un pays différent. Alors que leurs préoccupations sont de trouver l’amour, de s’amuser, de se revoir, le contexte social, économique et politique de leur pays les rattrapent. Et mai 68 approche à grands pas. C’est donc dans une période particulière que nous suivons ces trois personnages.
J’aime énormément et depuis toujours les romans épistolaires, je n’avais donc pas beaucoup de doute quant au fait que j’allais beaucoup aimer ce livre. J’ai adoré lire les pensées de ces trois jeunes filles mais également le vent de libération et de féminisme qui souffle sur ce roman. Elles deviennent adultes à un moment où l’Europe évolue et où la place de la femme se voit être modifiée. Elles ont des rêves, voudraient être libres et heureuses. Mais parfois, leurs rêves ne sont pas ceux que leurs parents portent pour elles. Parfois, l’adolescence est brisée par la restriction des libertés ou par la dictature. Ces trois jeunes femmes s’interrogent sur leur place dans la société, sur l’avenir qu’elles se choisiront, sur ces adultes qui les entourent et qui semblent leur mentir, les considérant encore comme des enfants. Elles se racontent leurs premières expériences amoureuses, ces sentiments naissants, ces frissons qu’elles ressentent en présence d’un garçon qu’elles apprécient. Leur conscience politique s’éveille aussi, à l’aube de mai 68, et elles se questionnent sur la place de la femme dans la société, son désir et sa sexualité, ses droits et les acquis sociaux.
« On veut simplement vivre dans un autre monde, on veut rêver, penser, ouvrir les fenêtres, partager, échanger, rire et danser, il faut bien tout détruire pour tout recommencer. »
Si j’ai un regret, c’est que le personnage de Cléoména ait occupé si peu de place dans le roman en comparaison de Magda et Suzanne qui semblent être les vraies héroïnes de ce livre. C’est seulement sur la fin du roman qu’elle devient importante, et quel personnage elle est ! Elle m’a bouleversée. Même si on l’a moins suivie que les autres, Cléoména est un personnage que j’ai adoré. Réfugiée politique, elle vit dans l’attente de nouvelles de son frère et de sa mère, emprisonnés dans des camps en Grèce en raison de leurs convictions et de leur engagement militant.
Les sujets que ce livre aborde sont passionnants et si j’avais une fille, j’aimerais qu’elle puisse le lire. Parce que ces trois jeunes femmes sont inspirantes par leur force de caractère et leur volonté de se battre pour ce en quoi elles croient. Parce qu’elles ne se satisfont pas d’être la « femme de » mais qu’elles veulent être davantage. Compter. Lutter pour leurs idées et pour l’avenir. Pour les femmes et leurs descendantes. Ce roman permet de se souvenir de mai 68 et de ses revendications qui sont aujourd’hui des acquis que nous ne pourrions envisager de remettre en question. A elles trois, elles représentent la folie, la jeunesse, la rébellion et les idées nouvelles. Je me suis tellement retrouvée en elles. Et elles donnent envie de crier au monde des adultes de ne jamais, jamais, restreindre la liberté de la jeunesse mais au contraire de la laisser s’exprimer pour permettre à la société d’évoluer.
Ce roman est captivant et on pourrait lire ces lettres pendant des centaines de pages sans jamais s’ennuyer. Pourtant, il est vrai qu’avec des lettres, on peut rapidement être un peu frustré de ne pas avoir « plus » et qu’il est parfois un peu difficile de saisir l’identité de toutes les personnes évoquées et de se retrouver dans les différents contextes, au début de la lecture. Je note quand même que l’auteur a placé, en début de roman, un mini arbre généalogique qui m’a bien aidée. C’est un magnifique roman adolescent à lire à partir de 14 ans, je l’ai vraiment adoré même en tant qu’adulte, et je m’en souviendrai très très longtemps tellement il a su m’emporter.
Pour résumer …
Superbe roman épistolaire à conseiller à tous à partir de 14 ans. Trois héroïnes inspirantes qui nous rappellent comme il est important de se battre pour les droits des femmes. Le contexte de mai 68 et les différents pays dans lesquels se situe le roman sont réellement passionnants à lire. Une merveilleuse lecture.
Ma note : ★★★★★★
(19/20)
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Je le note !!! Merci pour cette chronique enthousiaste !!
Merci pour cette chronique très intéressante ! J’eta Aussi passée à côté ! Je note ce titre tout de suite ! Bises de Berlin.
Je le note immédiatement, merci de me l’avoir fait découvrir, il a l’air incroyable ! Très belle chronique 🙂
J’en suis ravie ! Et merci beaucoup! 😉
J’ai également lu la décision de cette auteur mais malheureusement je l’ai prête et il ne reviendra jamais … néanmoins ce roman que tu viens de présenter me tente beaucoup je pense que je vais essayer de le trouver prochainement 🙂