Cela fait très longtemps maintenant que je suis Vincent Lahouze sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur Facebook. J’ai toujours été sensible à ses mots, qui résonnent bien souvent en moi, à la justesse des émotions qu’il y retranscrit. Lire son premier roman a donc été une évidence à mes yeux, et je remercie Michel Lafon de me l’avoir envoyé.
Résumé …
« Si je devais me souvenir d’une chose, d’une seule chose, ce serait la vision des murs gris de l’Orphelinat du Bienestar de Medellin et des portes qui claquaient lorsque nous courions dans les couloirs, le bruit sourd de mes pieds nus sur le parquet de bois délavé et poussiéreux. Oui, d’aussi loin que je me souvienne, la couleur n’existait pas. Je suis né en Colombie, à la fin de l’année 1987, mais je n’ai commencé à vivre qu’en 1991. »
Mon avis …
J’avais lu lors de quelques posts Facebook que l’histoire de Vincent était particulière, puisqu’il est né en Colombie, a été abandonné à la naissance, a vécu quelques années en orphelinat, et a été adopté à l’âge de 4 ans par un couple de français. C’est cette histoire peu commune, avec laquelle il a dû se construire, qu’il a souhaité raconter dans ce premier roman. Cet ouvrage est donc en grande partie autobiographique, mais pas seulement, puisque la construction du livre est assez originale, chose à laquelle je ne m’attendais pas. En effet, Vincent Lahouze a choisi de raconter la vie qu’il aurait pu avoir s’il n’avait pas été adopté, comme ce fut le cas, mais également la vie qu’il a eue, en France.
Vincent Lahouze est né Rubiel, et c’est lors de son adoption que ses parents adoptifs ont décidé qu’il s’appellerait désormais Vincent. Une double identité difficile à porter lorsque l’on est seulement petit garçon. Toute son enfance puis son adolescence, Vincent Lahouze va chercher à se construire, tiraillé entre ces deux identités, ce Rubiel qu’il est toujours, et ce Vincent qu’il est devenu. Que ce serait-il passé si Vincent/Rubiel n’avait pas été adopté ? C’est ce que Vincent Lahouze a décidé de raconter, en imaginant ce qu’aurait pu être sa vie, dans les rues de Colombie, si aucun couple n’était venu le chercher à l’orphelinat. S’il avait choisi de s’enfuir, pour survivre seul, entouré d’autres enfants des rues. Dans la misère, la pauvreté et la criminalité omniprésente dans le pays.
Ce roman est intéressant par de nombreux aspects. Par son côté autobiographique tout d’abord qui est riche d’enseignements au sujet de l’adoption. On sait la complexité d’élever un enfant adopté, mais également celle de se construire sans connaitre ses origines lorsque l’on a été adopté. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de trouver cet acte sublime, d’un courage et d’un amour suprême, de choisir de donner à un enfant une chance de vivre heureux, tout en étant conscient qu’on adopte aussi son passé, bien qu’il nous soit inconnu. Il est vraiment très intéressant de lire le point de vue d’un enfant adopté, qui a grandi avec de nombreuses questions sans réponse. J’ai été extrêmement touchée par les mots de Vincent Lahouze a l’égard de son histoire, de ses quatre parents, à l’égard de la vie qu’il a eue jusqu’à présent. Certains passages sont sublimes, et ont réussi à me toucher en plein coeur.
C’est aussi la Colombie qui nous est décrite, de façon brutale, violente, crue. J’ai aimé cela. On sent que Vincent Lahouze a conservé de profonds liens avec ce pays, qui lui sont presque vitaux. Qu’il a une relation particulière avec son passé, qu’il tente encore de le comprendre, de vivre avec ces images qu’il garde, ces émotions qui lui restent, ces inconnues qu’il aimerait connaître. Ce qui caractérise ce roman, c’est vraiment sa forme particulière, une alternance entre l’histoire de Rubiel, romancée, et celle de Vincent, autobiographique. Cela peut sembler étonnant, voire un peu dérangeant, car lorsque l’on s’attache à l’un, on doit le quitter pour l’autre, sans trop réussir à garder un véritable lien. Et pourtant, quand on termine le roman, on comprend. Que c’était la seule forme possible pour raconter cette histoire. Pour que l’auteur puisse décrire ce qu’a été sa vie, ce que sont ses souvenirs, et ce qui vit toujours en lui. C’est un livre profondément sincère, profondément humain, l’histoire d’une vie, et c’est cette authenticité et cette simplicité qui m’ont touchée.
Pour résumer …
Entre le témoignage et le roman, ce livre est étonnant par sa construction qui ne peut qu’interpeller, et par la richesse des sujets abordés. L’adoption, la Colombie, se construire lorsque l’on doit vivre avec deux identités, c’est sa vie que Vincent Lahouze raconte, mais également celle qu’il aurait pu avoir si le destin en avait décidé autrement.
Ma note : ★★★★★☆
(15/20)
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