Quand les éditions Delcourt ont annoncé qu’ils ouvraient un département littéraire, j’ai immédiatement été intriguée. Parmi leurs parutions, ce roman est sans doute celui qui me tentait le plus, alors je tiens à remercier la maison d’édition de me l’avoir envoyé.
Résumé …
Le professeur Morayo Da Silva s’apprête à fêter son anniversaire, alors elle sort acheter des fleurs. Cette Mrs Dalloway nigériane porte fièrement ses soixante-quinze printemps et ses turbans aux mille couleurs, et aime par-dessus tout retrouver son petit monde dans les rues de Haight-Hashbury, San Francisco, sa ville de cœur depuis deux décennies. On croise ainsi Dawud, commerçant palestinien ; Mike, un policier apprenti-romancier ; Mme Wong, toujours un balai à la main ; Sunshine, la jeune voisine indienne qu’elle a prise sous son aile; ou encore Rachel une jeune SDF fan de Grateful Dead… La vie des autres, elle l’expérimente aussi au gré des romans qui tapissent les murs de son appartement et dont les personnages dialoguent entre eux.
Mon avis …
Elle a soixante-quinze ans, vit à San Francisco, où elle savoure la diversité de cette ville à nulle autre pareille. Elle porte avec elle les souvenirs de son Nigéria, et observe avec douceur le quotidien et le temps qui passe. C’est l’histoire d’une vieille dame, d’une solitude et de souvenirs, mais également d’un personnage haut en couleurs, qui nous donnerait envie de profiter encore davantage de chaque jour qui passe.
Il y a une alternance de points de vue, l’auteur exploitant de façon littéraire tous les personnages qui croisent à un moment la route de Morayo. C’est finalement comme une sorte de conte, et moi qui ai parfois des difficultés à m’intéresser à des romans construits de cette façon, d’autant plus lorsqu’ils sont courts comme celui-ci, je n’ai eu aucune impression de manque de profondeur. Au contraire, j’ai même trouvé l’écriture de l’auteur assez extraordinaire car elle a parfois réussi à me toucher très intensément, en seulement quelques lignes. La sensibilité de son écriture est assez unique, et chacun de ses personnages réussit à être raconté de façon intime et entière en seulement quelques lignes. C’est, je le crois, la preuve d’un merveilleux roman.
« Je ne range plus mes livres par ordre alphabétique, ni suivant la couleur des dos, comme je le faisais avant. Ils sont maintenant classés par personnages. Je rapproche ceux qui, selon moi, doivent se parler. »
Morayo Da Silva est tout simplement un personnage incroyable, comme on en croise rarement en littérature. Elle a un fort caractère et si la société aimerait qu’elle soit un peu plus assistée, elle prône sa liberté et son indépendance. Vous l’aurez compris, c’est un roman qui met à l’honneur les femmes, dans toute leur diversité. C’est une lecture douce et savoureuse, teintée d’humour qui porte un regard doux sur l’existence, mais c’est aussi un roman assez mélancolique, qui évoque la vieillesse et le temps qui passe, ainsi que le regard de la société sur nos aînés. Cette héroïne a tellement de potentiel qu’on aimerait presque la suivre un peu plus longtemps, et en refermant le livre, j’ai regretté de devoir déjà la quitter, ayant la sensation d’à peine avoir effleuré sa vie et tout ce qu’elle avait encore à partager.
Pour résumer …
Une douce lecture aux personnages hauts en couleur ! A la fois drôle et mélancolique, ce roman porte un regard bienveillant sur l’existence. J’ai passé un très chouette moment de lecture, même si j’aurais eu envie de côtoyer Morayo un peu plus longtemps.
Ma note : ★★★★★☆
(16/20)
Le titre m’a intrigué, et j’avoue que ta chronique et la petite citation partagée donnent envie d’ouvrir le roman
Voilà une histoire qui devrait me plaire, ajouté à la liste 🙂