Ginny Moon • Benjamin Ludwig

Les éditions HarperCollins publient souvent des romans à fort potentiel et celui-ci m’avait tellement intriguée que je me le suis offert lors de l’un de mes passages en librairie au début de cet été. Lire sur l’autisme m’intéressait particulièrement.

Résumé …

Pour la première fois de sa vie, Ginny Moon a trouvé sa Maison-pour-Toujours – un foyer avec une famille aimante qui saura la protéger et l’entourer. Le foyer dont n’importe quel enfant adopté pourrait rêver. Alors pourquoi cette adolescente de 14 ans cherche-t-elle à tout prix à se faire kidnapper par sa mère biologique, incapable de s’occuper d’elle ? Pourquoi Ginny veut-elle absolument retourner dans cet appartement où elle a failli mourir ? C’est une adolescente comme les autres – elle joue de la flûte, s’entraîne pour le tournoi de basket de l’école et étudie les poèmes de Robert Frost –, à un détail près : elle est autiste. Et certaines choses sont très importantes pour elle : commencer sa journée avec précisément neuf grains de raisin, chanter sur Michael Jackson (son idole), manger de la pizza au bacon et aux oignons et, surtout, retrouver sa mère biologique pour pouvoir s’occuper de sa Poupée, qui court un grand danger. Avec les moyens limités et pourtant redoutables d’une enfant enfermée dans son monde intérieur, Ginny va tout mettre en œuvre pour la sauver.

Mon avis …

Ma lecture de ce roman a été un peu compliquée et fractionnée puisque je l’ai mis en pause pour mon départ en vacances. Cependant, j’avais quand même envie de le terminer et de connaître le dénouement de cette histoire qui a réussi à m’intriguer même si ma lecture a été difficile. Le plus déroutant, c’est sans aucun doute le fait d’être plongée dans l’esprit d’une jeune fille autiste. Et c’est sans doute en cela que Benjamin Ludwig a réussi son pari car j’ai été très perturbée par la façon dont l’histoire est racontée. J’imagine que le travail d’écriture a été très compliqué, tant cela a dû demander une rigueur extrême afin de rester cohérent avec l’esprit de Ginny.

Cela nous permet de comprendre toutes les spécificités de l’autisme, ce qui m’a rappelé A l’intérieur, de Jodi Picoult. Ici, elles sont d’autant plus accentuées que nous sommes à l’intérieur des pensées de Ginny et l’on comprend alors comme elle peut faire des fixations sur certaines choses a priori futiles, comme sa journée est réglée par des détails très importants à ses yeux, comme elle peut avoir du mal à gérer les informations qui lui parviennent, et notamment les questions qui lui sont adressées. Lire ce livre, c’est presque une expérience.

Le sujet est également très intéressant et l’auteur a lui-même adopté une jeune adolescente autiste, ce qui rend sans aucun doute son roman encore plus pertinent. Alors même qu’elle intègre une nouvelle famille, Ginny n’arrive pas à oublier sa mère biologique et particulièrement sa « Poupée », dont elle parle en permanence, qu’elle veut à tout prix récupérer et qui l’obsède jour et nuit. C’est cette Poupée qui est au coeur du récit et j’ai ressenti à ce niveau-là des lourdeurs et des répétitions dans ma lecture qui rendaient un peu plus difficiles le fait de me replonger dans le roman. Pourtant, je pense que cela était tout à fait réaliste dans le traitement de cette obsession de Ginny, et d’ailleurs cela m’intriguait quand même beaucoup.

J’ai été touchée par cette petite Ginny qui a beaucoup souffert au cours de sa vie et qui est souvent incomprise par le monde qui l’entoure. On comprend progressivement un peu mieux cette jeune fille, les traumatismes qu’elle garde en elle, son fonctionnement aussi. J’avais compris rapidement la « révélation » du roman mais cela ne m’a pas empêchée de la trouver très poignante, et cela nous aide à encore plus être touché par l’histoire de Ginny, par ses peurs et ses angoisses. L’auteur nous montre aussi à quel point une adoption peut être difficile, d’autant plus quand les parents souhaitent, à la suite de l’adoption, donner naissance à leur propre enfant. La cohabitation avec une enfant autiste peut être très compliquée, et ce parcours m’a beaucoup intéressée. Je l’ai trouvé juste, réaliste et plein de sensibilité.

C’est donc un roman qui ne m’a pas laissée indifférente, bien au contraire. J’ai senti beaucoup d’intérêt pour les sujets abordés, j’avais envie de savoir ce que l’auteur allait progressivement nous dévoiler, de mieux comprendre Ginny aussi qui reste un mystère lorsque nous commençons le roman. Malgré tout, j’ai quand même dû insister pour poursuivre ma lecture car je ne le reprenais pas forcément avec plaisir et j’avais très envie que l’histoire avance un peu plus vite, ce qui n’était, je pense, cependant pas vraiment possible si l’auteur voulait rester fidèle à son héroïne et à sa maladie. La seconde moitié a quand même été un peu plus captivante, même si évidemment l’écriture reste assez lourde à lire, ce qui en fait aussi sa réussite puisque je pense que Benjamin Ludwig a su retranscrire avec le plus de justesse possible l’autisme et ses particularités.

Pour résumer …

Intégrer l’esprit d’une jeune fille autiste, ses pensées, ses peurs, ses angoisses, son fonctionnement et ses incompréhensions du monde qui l’entoure. Il est par moments difficiles de rester accroché dans sa lecture, pourtant l’histoire de Ginny est très émouvante et le travail de l’auteur admirable pour nous permettre de mieux cerner ce qu’est réellement l’autisme.

Ma note : ★★★★☆☆
(13/20)

3 réflexions sur “Ginny Moon • Benjamin Ludwig

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