Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés • Jami Attenberg

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Jami Attenberg est connue pour son roman La famille Middlestein que j’avais lu il y a quelques mois et que j’avais moyennement apprécié. Cependant, j’aime toujours donner une seconde chance aux auteurs. J’ai donc été ravie de trouver ce roman dans ma boîte aux lettres à la fin de cet été. Il fait partie des parutions de la rentrée littéraire 2016 et il m’a été très gentiment envoyé par les éditions Les Escales que je tiens à remercier, car cette lecture fut un énorme coup de coeur et définitivement ma plus belle découverte de cette rentrée littéraire.

Résumé …

Personnage haut en couleur, Mazie Phillips est ouvreuse au Venice, célèbre cinéma new-yorkais. Le jazz vit son âge d’or, les idylles et la consommation d’alcool – malgré la Prohibition – vont bon train, et Mazie ne se fait jamais prier pour faire la fête. Mais derrière sa bonhomie se cache une enfance difficile, et son journal intime détient ses secrets les plus insoupçonnables. Avec l’arrivée de la Grande Dépression, la vie de Mazie va basculer. Les sans-abri affluent dans le quartier, et personne ne semble pouvoir échapper à la crise. Si elle ne les aide pas, qui le fera ? Mazie décide alors d’ouvrir les portes du Venice à ceux dans le besoin et redéfinit ainsi l’identité du quartier comme de la ville entière. Plus de quatre-vingt-dix ans passent avant que son journal intime ne soit retrouvé par un documentariste en mal de sujet. À travers sa « voix », celles de ses contemporains et du documentariste se dessine la personnalité hors du commun de celle qui deviendra sainte Mazie.

Mon avis …

En commençant à lire Mazie, Sainte Patronne des Fauchés et des Assoiffés, j’ai été plongée dans une ambiance si particulière qu’elle ne m’a pas quitté pendant toute la durée de ma lecture. Une immersion dans le New York du début du XX° siècle. Par le biais de son journal intime, nous découvrons Mazie au fil de sa vie, de sa jeunesse à sa vie de femme. Alternant avec les extraits de son journal, nous allons pouvoir obtenir des témoignages de personnes ayant connu Mazie ou ayant connaissance de sa vie d’une manière ou d’une autre, mais aussi de personnes ayant fait des recherches sur cette période et sur la vie de cette femme. C’est donc toute une époque qui se dessine sous nos yeux. Le journal de Mazie est fascinant, d’un rythme entrainant et son franc-parler et son humour le rendent encore plus captivant.

Mazie est une femme qui aime la liberté, qui respire l’envie de vivre, d’être une femme indépendante, sans attache, afin de voir le Monde. Pour son époque, elle est inspirante par sa modernité. Elle aspire à autre chose qu’à être une femme au foyer. Ce roman est en réalité inspiré de la vie d’une femme ayant réellement existé, ce qui le rend d’autant plus intéressant. J’ai été émerveillée de découvrir la vie de Mazie, d’apprendre à connaître cette femme hors du commun qui, jusqu’au bout, peu importe ses conditions de vie ou même les épreuves qu’elle traverse, fera toujours passer le bien des autres avant le sien. Mazie adapte sa vie à celle des autres, même si cela implique qu’elle doive se priver ou ranger ses rêves dans un tiroir. Elle a en réalité un coeur énorme, une bonté sans pareille. En acceptant de remplacer Louis, le compagnon de sa soeur, pour tenir la caisse de son cinéma, Mazie va se condamner pour plusieurs années à être coincée dans cette « cage ». A voir les clients défiler derrière sa vitre, des familles entières, des hommes seuls aussi. C’est ainsi qu’elle sacrifiera sa liberté et sa soif de découvrir le monde pour arranger l’ami de sa soeur ou encore qu’elle cohabitera pendant des années avec sa soeur Rosie et sa dépression, supportant tous les déménagements que cette dernière lui imposera.

Elle va toujours se refuser le bonheur, l’amour que les hommes veulent lui donner. Pourtant, elle accepte ces moments d’amusement, de plaisir. Avec son « Capitaine », elle va vivre des nuits inoubliables, se donner à lui comme jamais auparavant, sans pourtant se dévoiler totalement. De leur histoire, ne vont rester que les cartes qu’il lui envoie, depuis les lieux qu’il visite. Alors, elle les accroche dans sa cabine, au cinéma. Et grâce à ces photographies, elle voyage un peu avec lui. Elle devient spectatrice de la vie qu’elle aurait rêvé avoir.

Il y a, dans ce roman, beaucoup d’amour, entre les personnages. Des liens fraternels, de solidarité. Beaucoup d’entraide, aussi. Mais il y a également une certaine tristesse et beaucoup de mélancolie. Jami Attenberg raconte la vie telle qu’elle l’est, sans enjoliver. Elle nous dresse un portrait très réaliste de la vie de New York, sans jamais l’embellir. Il y a une ode à cette ville dans ce roman mais également la mise en relief de toute la misère et la pauvreté présentes à cette époque. Le roman s’étalant sur des décennies entières, nous voyons la ville évoluer et, avec elle, toute la société. Une période d’après-guerre qui va également être une désillusion puisque la pauvreté ne va pas épargner la population de certains quartiers. C’est dans ces moments-là que Mazie va apporter son aide au plus grand nombre, s’assurer que tous ceux qu’elle croisent puissent manger à leur faim, toujours en les traitant avec respect.

C’est finalement un livre plein d’humanité, qui nous fait pénétrer dans des milieux populaires, dans les excès et les abus, et dans l’immense générosité de certaines âmes comme celle de Mazie. J’ai absolument adoré ce roman. Il fut un régal de lecture, un dépaysement total et j’ai eu le sentiment d’en ressortir plus riche intérieurement. Parce que Mazie est inspirante, qu’elle nous donne envie d’apprendre de sa bienveillance et de sa bonté. Qu’on aurait tous aimer croiser la route d’une femme si forte et si caractérielle. Je ne l’oublierai jamais, c’est certain.

Pour résumer …

Une immersion fantastique dans le New York du début du XX° siècle où innovations côtoyaient pauvreté et misère. Mazie est un personnage inspirant de liberté, de courage et de bonté. Un roman sous forme de journal où l’humanité est la véritable beauté.

Ma note : ★★★★★★
(20/20)

13 réflexions sur “Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés • Jami Attenberg

  1. Ah mince. J’avoue que j’ai failli ne pas lire cette chronique car ce livre ne m’attirait pas plus que ça, mais ta chronique donne carrément envie ! Genre je lis le résumé et je me dis « bof, pas trop mon style », je me dis « je lis la chronique juste pour ma culture »… « en fait ça a l’air bien »… et après lecture de ta chronique, je relis le résumé et il me donne envie >< Bref, voilà comment un livre sur lequel je ne me retournerais pas forcément en librairie se retrouve dans ma wishlist !

  2. C’est pas gentil de tenter les autres comme ça, j’ai déjà une trop grosse wishlist ! Je crois que je vais le mettre sur la liste de Noël (mais je vois encore d’ici la tête de ma famille quand je vais demander des livres à Noël en mode : ben voyons, c’est vrai que ça manque dans ta chambre !)

  3. Ta chronique me donne tellement envie. Je me le note de suite.
    J’ai fais un petit interview de Camille & Marine du blog le Puy du livres sur mon blog et elles t’ont cité dedans.
    Bon dimanche.

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