Ce roman un peu particulier a fait beaucoup parler de lui à sa sortie à la rentrée littéraire de septembre 2015. Il m’a été offert par mon amie CarnetParisien que je remercie beaucoup, et je l’ai lu dans le cadre de mon Book Club #OurPrettyBooksClub puisqu’il a été sélectionné en octobre.
Résumé …
En juin 2012, j’ai acheté sur Internet un lot de 250 photographies d’une famille dont je ne savais rien. Les photos me sont arrivées dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard. Dans l’enveloppe, il y avait des gens à la banalité familière, bouleversante. Je n’imaginais alors pas l’aventure qu’elle me ferait vivre. J’allais inventer la vie de ces gens puis je partirais à leur recherche. Un soir, j’ai montré l’enveloppe à mon meilleur ami, Alex Beaupain. Il a dit : « On pourrait aussi en faire des chansons. » L’idée semblait folle. Le livre contient un roman, un album photo, le journal de bord de mon enquête et un disque, interprété par Alex, Camelia Jordana, Clotilde Hesme et Françoise Fabian. Les gens de l’enveloppe ont prêté leur voix à deux reprises de chansons qui ont marqué leur vie.
Mon avis …
Si ce livre est particulier, c’est avant tout dans sa construction. Isabelle Monnin a inventé une nouvelle forme de récit et j’ai trouvé cette expérience de lecture très intéressante. Quand elle achète sur internet des photos sur lesquelles figurent des personnes qu’elle ne connait pas, elle décide de leur inventer des vies, d’après les signes qu’elle trouve sur les différentes photos. Elle leur donne des prénoms, leur créé des destins, imagine les failles, les drames. Et puis, une fois son récit achevé, une fois leurs vies dessinées, imaginées, elle décide de partir à leur recherche. Elle réalise alors un véritable travail journalistique. Tenter de trouver des indices, de situer les photos, de trouver des traces indiquant qui ils sont réellement.
Le livre est donc coupé en deux parties, le roman et l’enquête. J’ai lu très rapidement la partie romancée, captivée par l’inventivité d’Isabelle Monnin, sa faculté à créer des personnages à partir de ces photos. En les regardant moi-même, j’avais l’impression qu’elle leur donnait une seconde vie. On a senti aussi son attachement à ces personnages, c’est ce qui rend sa démarche encore plus touchante.
« Jamais je ne lui dis que je l’aime. Dire Je t’aime, c’est se souvenir d’un temps où je ne t’aimais pas, c’est envisager celui où je ne t’aimerai plus. Dire Je t’aime serait donner une fin à l’amour. Je lui donne l’infini silence de mon amour. »
L’enquête m’a, quant à elle, moins passionnée. A chaque rencontre, Isabelle Monnin retranscrit presque mot à mot ses échanges avec les témoins, avec les « gens dans l’enveloppe ». Par souci de fidélité, sans doute. Cependant, il est vrai que la lecture de l’enquête m’a lassée. Peut-être qu’elle est trop factuelle, trop détaillée. Je l’aurais souhaitée un peu plus courte, plus brève, avec l’essentiel seulement. Et puis, on a difficilement l’habitude de confronter la fiction et le réel dans un seul et même livre, peut-être que je n’ai pas réussi à m’y faire, tout simplement.
« Je vais les connaître, ils vont me faire confiance, ils me raconteront des choses, m’en cacheront d’autres, ils pleureront, ils riront, ils s’étonneront de me dire tout cela. Je sais pourtant que je n’accèderai pas à leur intérieur. Je n’aurai jamais que l’enveloppe des gens. »
J’ai, enfin, été écouter les chansons écrites par Alex Beaupin. Des musiques et des mots qui vont si bien à l’ambiance de ces photos, de ce récit. Elles apportent réellement quelque chose et même si je n’ai pas pu toutes les écouter, j’ai été très touchée par celles que j’ai entendues. C’est au final un beau livre, une belle initiative, originale et hors du commun qui nous rappelle que chaque vie compte, que la banalité de nos destins doit être sublimée, gardée en mémoire. Que nos vies sur terre n’ont de sens que si on laisse des traces, si on se souvient de nous. Isabelle Monnin a rendu un merveilleux hommage à cette famille qu’elle ne connaissait pas et qu’elle a rendue importante, pendant quelques pages et trois ans de recherches et d’imagination à son sujet.
Pour résumer …
Un ouvrage surprenant qui, à partir de simples photos de personnes inconnues, va permettre à Isabelle Monnin d’imaginer et d’enquêter. De redonner une vie à ces gens qu’elle ne connaissait pas. Avec une mise en musique, le récit est original et touchant, même si l’enquête m’a beaucoup moins captivée que le roman.
Ma note : ★★★★☆☆
(13/20)
Jolie couverture pour une expérience inédite. C’est marrant j’ai préféré l’enquête au roman : fouiller, fouiner, chercher pour toucher et atteindre la vérité.
J’ai sauté de joie quand j’ai découvert qu’il était sorti en poche, j’attends de rentrer en France pour le week-end dans 2 semaines pour pouvoir l’acheter (en espérant le trouver facilement).
Je trouve aussi que l’idée est tellement originale… C’est pour ça que je veux le lire !
As-tu vu l’interview de l’auteur dans La Grande Librairie ? (c’est aussi à cause de François Busnel que je veux le lire en fait)
Oui je l’avais vue!
Un gros coup de cœur pour moi. Merci au club qui m’a enfin permis de le lire !! Je ne pensais pas que l’enquête me fascinerait autant que la première partie. J’ai trouvé ce livre extrêmement touchant !
J’aime beaucoup l’idée de départ de ce roman, et je suis contente que tu l’aies apprécié. Dommage que la partie enquête t’ait moins transportée 🙂 C’est un peu l’aspect qui me rebutait dans cette lecture.