Ce court premier roman promettait évasion et voyage, ainsi qu’une belle histoire d’amour. Il n’en fallait pas davantage pour me convaincre de le lire, d’autant plus que l’auteur est tout de même la fille d’Alice Walker, dont j’ai récemment lu La couleur pourpre. Une adaptation cinématographique réalisée par Madonna est également prévue. Je tiens à remercier les éditions L’Archipel et LP Conseils pour la lecture de ce roman qui sera en librairie le 19 octobre prochain.
Résumé …
Étudiante à Yale, la narratrice est une jeune Afro-Américaine qui se cherche encore. Elle décide de prendre une année sabbatique pour partir en compagnie de son amie Miriam, de deux ans son aînée, à la découverte du continent africain. Le Caire, d’abord, les superbes pyramides de Gizeh, l’ambiance urbaine de Nairobi, la ville côtière de Malindi, puis l’île de Lamu, au milieu de l’Océan Indien. Là, elle rencontre Adé. C’est le coup de foudre immédiat. Tandis que Miriam continue son périple, elle décide de rester sur cette île paradisiaque. Adé lui donne le prénom musulman de Farida, « la femme qui est exceptionnelle » et ils décident de se marier. Mais Farida contracte la malaria, et les voilà tous deux pris dans les feux de la guerre civile qui éclate. Leur amour si pur, si intense, pourra-t-il y résister ?
Mon avis …
C’est un roman très court, et pourtant, très intense. Il est comparable à une tempête qui prend son temps avant d’éclater. Avant de tout détruire sur son passage. Lorsqu’une jeune femme part en voyage en Afrique et finit par arriver au Kenya, elle rencontre Adé. Entre eux, c’est le coup de foudre. Rebecca Walker décrit ce premier amour, celui qui nous fait remettre toute notre vie en question. Ainsi, repartir lui semble d’un seul coup complètement hors de propos. Rester est une évidence. Pourtant, la vie d’Adé n’a rien en commun avec la sienne.
En tombant amoureuse de ce Swahili, elle n’avait pas envisagé les conséquences que cela aurait sur son quotidien, sur sa vie et sur celle de sa famille. Beaucoup de questions sont abordées à travers ce roman, à travers cette femme qui va devoir, par amour, se faire une place dans une société si différente de la sienne, s’acclimater à une culture si éloignée de celle qu’elle connait. Cet amour est chargé de coutumes, de traditions. C’est toute une famille qui doit l’accepter. Quand l’idée d’épouser cet homme si important pour elle émerge naturellement, il apparait difficile de devenir sa femme légitime et c’est toute la complexité d’une telle union qui en ressort. Unir deux familles qui n’ont rien en commun, qui n’ont pas la même vision du monde ou de la vie peut sembler en effet difficile. S’unir à cet homme, c’est s’unir à une famille qui ne connaît pas le reste du monde, qui n’a jamais quitté cette île qui est la sienne. C’est un véritable choc des cultures qui en résulte.
L’auteur évoque également le contexte politique du pays, l’absence de sécurité, le fait d’être une femme et la restriction des libertés individuelles. C’est l’aspect plus dur du roman, celui qui fait prendre aussi conscience à l’héroïne de tous ses privilèges en tant que femme américaine. De la difficulté pourtant, quand on est sur ce sol-là, d’être soignée correctement, d’être respectée, d’être en sécurité, quand bien même elle se sentait protégée de tout de par son statut de femme occidentale.
Il y a un contraste assez terrifiant entre la douceur du sentiment amoureux et la violence impitoyable d’un régime politique et militaire comme celui du Kenya. Je n’ai cependant pas été aussi touchée par ce récit que je l’aurais espéré. La première moitié du roman notamment, pourtant centrée sur la rencontre entre les personnages et la naissance de l’amour, ne m’a pas transportée. L’histoire manque peut-être un peu de crédibilité par moments, comme si l’auteur avait voulu accentuer un peu trop les péripéties vécues par l’héroïne. Tout est selon moi un peu exagéré, notamment dans la crédulité de l’américaine qui est, à elle seule, une sorte de cliché. Malgré tout, j’ai été particulièrement captivée par la seconde partie du récit et j’ai apprécié les choix faits par l’auteur, évitant justement de proposer une fin attendue et trop clichée.
Pour résumer …
La pureté d’un amour confrontée à la violence d’un contexte politique, c’est le sujet de ce roman intense. L’auteur aborde la difficile acclimatation à une culture différente, et la difficulté pour un amour de survivre à tous ces obstacles. Ce fut une belle lecture même si la première moitié du roman m’a un peu laissée de marbre.
Ma note : ★★★★☆☆
(13/20)
La géographie de nos amours
Je viens de finir ce roman… j’ai beaucoup aimé la deuxième partie. Mais pour moi la fin reste ambigüe. Comment l’interprétez vous ? Je pense comprendre qu’ils ne se retrouveront pas. Êtes-vous du même avis ?
Merci