Quelquefois, on fait de belles découvertes à partir d’une simple curiosité. C’est exactement ce qui s’est produit avec Les corps inutiles qui m’a intéressée par son sujet, mais aussi parce que j’ai envie de découvrir cette auteur française depuis un petit moment maintenant. Un grand merci aux éditions JC Lattès pour cette lecture qui fut superbe.
Résumé …
Clémence vient d’avoir quinze ans, de terminer le collège. Un nouveau cycle s’ouvre à elle, lorsqu’elle est agressée, en plein jour et en pleine rue, par un inconnu armé d’un couteau. Ce traumatisme inaugural – même si elle n’en a pas encore conscience – va contaminer toute son existence. En effet, l’adolescente réalise qu’elle perd progressivement le sens du toucher… À trente ans, Clémence, toujours insensible, est une célibataire endurcie, solitaire et sauvage. Après avoir été maquilleuse de cinéma, la jeune femme se retrouve employée de la « Clinique », une usine d’un genre particulier. En effet, la Clinique fabrique des poupées… mais des poupées grandeur nature, hyper-réalistes, destinées au plaisir – ou au salut – d’hommes esseulés. Le roman déroule en alternance l’histoire de Clémence adolescente, hantée par cette agression dont elle n’a jamais osé parler à sa famille, et le récit de Clémence adulte, assumant tant bien que mal les conséquences, physiques et psychologiques, de son passé. Mais la vie, comme toujours, est pleine de surprises
Mon avis …
Delphine Bertholon nous offre avec Les corps inutiles un roman très fort et très juste sur un sujet pourtant délicat et souvent difficile à traiter : celui des agressions sexuelles. Une très grande partie du roman alterne entre des passages où Clémence a 15 et 16 ans, quand elle subit cette agression et les jours, semaines qui vont suivre, mais aussi des passages où elle a 30 ans et où on peut donc la voir évoluer professionnellement mais aussi dans sa vie privée.
Ce choix de construction du roman s’est révélé être très intéressant par le contraste qu’il permet d’observer entre ces deux périodes de la vie : l’adolescence et l’âge adulte. On constate alors que Clémence a construit toute sa vie sur ce jour-là, sur cette agression qui l’a détruite et qui l’a changée. Il est par moments difficiles de comprendre son comportement, tout ce qu’elle s’impose 15 ans plus tard, car on voit forcément qu’elle passe à côté de sa vie, qu’elle s’empêche d’être heureuse, de s’ouvrir aux autres.
En analysant les passages concernant ses 15 ans, on réalise le traumatisme qui découle d’une agression surtout quand la victime a choisi de se taire, par choix ou par défaut. Parce que personne n’a su être là pour l’écouter, parce que personne n’a rien vu. Le roman est, en ce sens, très complexe et très intéressant parce qu’il pose aussi la question relative à la responsabilité de l’entourage, des parents, des copains de cet âge où tout est si futile, léger.
J’ai été très touchée de voir Clémence vieillir si vite, en un instant, et la voir devoir grandir avec ce poids en elle est bouleversant. On comprend très bien sa souffrance, celle des victimes, et la difficulté d’oser parler, d’avoir la force de s’exprimer quand bien même « ce n’était même pas un viol ». La reconstruction du personnage qui se fait des années plus tard est d’autant plus forte et j’ai vraiment trouvé ce roman très juste dans tout son contenu et dans sa manière d’aborder ce sujet. Delphine Bertholon est définitivement une auteur très talentueuse et je ne peux que vous recommander ce roman.
Pour résumer …
Un sujet très difficile mais une justesse dans les mots de l’auteur. Grandir après une agression, voilà l’histoire de Clémence qui grandit bien trop vite, trop tôt. Une reconstruction difficile que l’auteur nous décrit et qui m’a beaucoup touchée par sa complexité.
Ma note : ★★★★★★
(19/20)
Woah 😀 Je ne connaissais pas ce livre mais à présent .. ben, j’ai trop envie de le lire 😮
Mon porte-feuille ne te remercie pas mais moi oui, haha ^^
J’en suis ravie! 🙂
Un livre que je rajoute vite à ma wish ^^
Waouh! Merci pour ta chronique, ça a l’air d’être un super livre! J’aimerais beaucoup le lire…
Avec plaisir ! Je ne peux que te le conseiller en effet !
Ce roman a l’air très beau et très fort, et ta chronique donne envie, mais arf, il me fait peur. Ce genre de sujets sont vraiment difficiles pour moi. Mais c’est vrai que je suis intriguée par comment l’auteure arrive à le « mettre en scène ».
Avec une note comme ça, j’ai encore plus envie de le découvrir. C’est pas sérieux ma PAL va exploser lol
Je suis très sensible à la thématique des agressions sexuelles.. je crois que ce livre pourrait bien me bouleverser. J’en prends bonne note, encore une fois, merci beaucoup 🙂
Il est clair que je vais le lire, au moins pour le côté psychologique et la façon de traiter le trauma. 🙂
Un livre qui pourrait certainement me plaire en tout cas ce sujet difficile m’intrigue et ta chronique (géniale comme à son habitude) me donne vraiment envie de le découvrir ! Je te remercie pour cette belle découverte 😉
Merci beaucoup, j’espère que tu auras l’occasion de le lire, il est vraiment superbe.
Je ne connaissais pas du tout ce livre et vu ce que tu en dis franchement je n’ai plus qu’une envie : le lire ! ( entre ta chronique et ce que tu en as dit en vidéo ! ) En plus le sujet abordé est vraiment pas facile mais j’aime beaucoup les livres abordant ce sujet =) Alors je crois qu’il va falloir que je le lise… xD
Je ne peux que te le conseiller!!
je ne connaissais pas du tout ce livre mais cette belle critique me donne envie…
merci beaucoup
De part ta façon d’écrire, tes chronqiues rendent toujours justice au livre lu… et donnent envie d’aller lire ce livre, même si le sujet est délicat ou difficile et que l’on n’oserai pas l’ouvrir…
A reblogué ceci sur Comme un roman photo posé sur une toile cirée.
Il a l’air vraiment top ! J’adore l’idée d’alterner les semaines qui suivent l’agression à sa vie d’adulte.